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Documentation version 3

La Romance de BibiQwertz - Chapître II

Rappel : Cette page a été rédigée par des joueurs du Territoire de Kiponie. En conséquence, il est possible que certaines informations soit erronées ou non mises à jour. Si vous remarquez une erreur ou un oubli, n'hésitez pas à modifier la partie correspondante.

1. Promenade sous les Etoiles

Dernière édition : Helia an 78 AUC
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- Chapitre II -

***


A l’aube du lendemain, un bruissement d’ailes réveilla Bibitricotin. Un beau pigeon bleu, venait de se poser sur le bord de sa fenêtre. Elle se leva, ouvrit la fenêtre et prit le pigeon dans ses mains fines. Elle décrocha le billet attaché à sa patte. Il venait de Qwertz.

"Bibi, (c'est ton prénom, non?)

Le jour se lève à nouveau et je suis toujours dans l'attente de la réaction suite à mon poème... Je m'interroge. Ai-je été trop prompt à te remettre ce texte? N'est-il pas à ton goût? Peut-être est-ce tout simplement moi, qui ne suis pas à ton goût...

Pourtant, nos intérêts convergent : nous défendons la langue française, nous résidons non loin du Cinabr, et hier, sans le savoir, j'ai choisi la même profession que toi, marin...

Je ne voudrais pas que cette histoire ne soit à la base d'un drame, et j'ai tendance à peindre le diable sur la muraille.

Je sors de ma chaumière et je me promènerai en notre belle cité balnéaire durant toute la journée. J'espère que tu sortiras de ce mutisme qui m'impressionne et m'effraye et que tu sauras me retrouver...

En espérant te lire ce jour encore, je t'envoie mes plus humbles respects.

Qwertz Bluehair'd, poète de ton coeur..."


Elle se devait d’y répondre. Elle prit donc une feuille de parchemin et sa plume et traça ces mots sur le papier :

"Mon cher Ami,

Je tiens d’abord à m’excuser de t’avoir laissé aussi cavalièrement hier, mais je dois avouer que ton poème m’a quelque peu bouleversée.

Je sais bien que nous avons certains centres d’intérêts communs, mais nous ne nous connaissons que très peu en fin de compte. J’apprécie beaucoup ton talent d’écrivain et de poète, et je ne suis pas insensible à ton charme (quelle femme le serait?).

Ton intérêt pour ma personne est si soudain. Tu comprendras j’en suis certaine qu’un peu de temps m’est nécessaire pour atténuer la confusion qui règne en moi.

Peut-être pourrons-nous nous retrouver, dans un jour ou deux, pour un déjeuner sur l’herbe ou une promenade le long du rivage? J’aurai alors, je l’espère, apaisé les tourments qui troublent aujourd’hui mon esprit.

Converser ensemble nous aidera à mieux nous connaître, à nous apprécier peut-être davantage…

En te souhaitant une douce journée,

Bibitricotin"


Quelques heures à peine s’étaient écoulées, quand un nouveau pigeon bleu vint se poser sur le pas de la porte de la chaumière de Bibitricotin. Elle récupéra délicatement le message avant que le messager ne s’envole à tire-d’aile.

"Charmante voisine,

Une jolie femme sait que les hommes peuvent attendre pour elle. Donc, je ne suis pas surpris de ta vitesse de réaction. Je te remercie pour les gentils mots que tu m'as fait parvenir tout à l'heure, ainsi que pour le compliment à propos de mon charme qui est tel que les femmes n'y résistent pas. N'exagérons rien... Je n'entretiens aucune relation soutenue avec la mode de ce pays, et mes cheveux poussent librement. Je ne rase ma barbe que deux ou trois fois dans l'année, histoire d'être présentable en cas de débats à la chambre des Députés.

Certes, l'apparence joue un grand rôle dans la séduction, ce premier pas vers une relation entre deux êtres. Tout ça pour signifier que la véritable beauté se trouve juste sous la croûte, sous la carapace, sous le blindage, cette seconde peau faite d'idées reçues, de canons de mode, de sentiments d'inquiétude vis-à-vis du regard de l'autre, et que nous n'osons pas briser pour nous montrer tel que nous sommes vraiment. L'apparence est au-delà de l'apparence : sachons découvrir l'autre dans le temps, comme tu le dis si bien..."


Bibitricotin laissa échapper un soupir de soulagement, elle avait donc un peu de temps devant elle pour mettre de l’ordre dans son esprit embrumé. Qwertz était d’agréable compagnie malgré quelques petits défauts, et dans l’ensemble ils s’entendaient plutôt bien, elle ne pouvait le nier.

***


La journée passa tranquillement, Bibitricotin avait été très occupée et n’avait pas eu le temps de trop penser à Qwertz.

Elle finissait de soigner ses bêtes quand un nouveau pigeon bleu vint se poser sur la porte de l’étable. Elle essuya ses mains délicates sur son tablier, puis tendit sa main droite vers le pigeon qui vint s’y poser doucement.

Elle détacha le bout de parchemin de la patte du volatile qui s’envola aussitôt libéré de son « fardeau» et, se doutant de l’identité de son expéditeur, le déroula d’une main fébrile.

"Chère amie,

Je viens de lire et relire ta lettre. Les délicates volutes avec lesquelles tu traces sur le parchemin tes pensées me font presque croire que tu m'offres un joli bouquet, alors qu'il eût été de bon ton que ce geste vînt de moi...

Un déjeuner dans l'herbe, pourquoi pas? J'y apporterais quelques poissons bien frais, que j'aurais été pêcher pour toi dès l'aube. Il y aurait aussi du bon pain chaud et ce délicieux fromage de chèvre qui "pue si bon". On irait du côté de la montagne, pour voir notre ville d'en haut, afin d’en apprécier toute la majesté.

Il est déjà bien tard, pourtant il me plairait de te voir quelques brefs instants. Retrouvons-nous au coin du marché si tu le veux bien... Le temps que ce pigeon te parvienne, et j'y serai déjà."


Visiblement, Qwertz n’était pas du genre patient. Que pouvait-elle faire, sinon aller se changer afin d’être plus présentable (mais surtout plus à son avantage) et se rendre au coin du marché.

Elle choisit une longue tunique de laine vert d’eau, assortie à la couleur de ses yeux, à l’encolure et aux manches bordées d’une fine ligne de broderies couleur safran faites de ses blanches mains.

Arrivée près de la place du marché, elle vit Qwertz qui l’attendait, faisant les cent pas, sa longue cape flottant au vent. Elle hésita. Il faisait nuit à présent, les artisans avaient rangé leurs outils et les marins étaient de retour au port. Nombre d'entre eux bavardaient librement à la taverne. Dans son coin sombre, Qwertz ne l’avait pas vue arriver. Il était encore temps de faire demi-tour.

Elle était là à se demander si elle allait rester ou partir, quand, Qwertz regarda brusquement dans sa direction, l’aperçut enfin, et s’approcha d’elle. Son cœur s’emballa.

- Éloignons-nous un peu, marchons. Ça va, tu n'as pas froid? Je sens une petite brise venant du large... Veux-tu mon écharpe en laine pour te protéger?

A l’idée que les doigts de Qwertz pourraient effleurer son cou, son cœur fit un bond dans sa poitrine, elle s’empressa de répondre :
- Non, merci, je n’ai pas froid.

Qwertz et Bibitricotin sortirent de la ville et se promenèrent de par les champs, discutant de tout et de rien, rigolant parfois comme des gamins, s'arrêtant pour admirer les étoiles.

- Aucune des étoiles de cette nuit ne vaut ton regard, Bibi... Les étoiles sont lointaines et froides ; tu es toute proche et ta main sur mon bras est brûlante.

Bibitricotin allait retirer sa main, quand Qwertz la prit délicatement entre ses doigts et la porta à ses lèvres. Pressentant la suite, Bibitricotin, qui n’était pas encore prête à s’engager plus avant dans cette relation dit :

- Il se fait tard, nous devrions rentrer à Gypsis maintenant.

Qwertz semblait un peu déçu, mais il répondit :

- Soit, retournons à la ville. Nous avons déjà trop marché en dehors de la ville, et il commence vraiment à faire froid. Il serait dommage que l'un de nous deux ne tombe malade.

Bibi et Qwertz s'en retournèrent tranquillement à la ville en silence, simplement à l'écoute de leurs cœurs : allaient-ils battre à l'unisson?

***


- Te voici chez toi, devant ta jolie chaumière, un peu à l'écart, sur la colline. Voit-on la mer depuis ton salon?

Et Bibitricotin lui répondit que c'était l'un des plus beau panorama qui s'offrait à elle chaque matin :

- J’assiste tous les matins au lever du soleil sur la mer de Kiponie, c’est un spectacle unique, depuis ce promontoire.

Qwertz s'agenouilla devant la belle et lui baisa à nouveau la main. Bibi fut parcourue d'un frisson. Le froid? Les sentiments? Elle le regarda longuement dans les yeux puis serrant fort dans ses mains les mains du poète, elle prit congé de lui. Qwertz la vit alors se retourner et entrer chez elle. Par la porte entrebâillée, il aperçut un fort bel écritoire et plusieurs piles de parchemins. Puis plus rien. Il soupira et, entre angoisse et bonheur, il redescendit le chemin pour rentrer à son tour chez lui.

Bibitricotin resta un moment adossée à la porte, guettant les pas de Qwertz qui s’éloignait. Elle laissa échapper un profond soupir, verrouilla la porte et s’installa dans son grand fauteuil. Chipeur, son raton baveur vint se blottir sur ses genoux. Elle le caressa machinalement, perdue dans ses pensées.

Que lui arrivait-il? Elle avait l’impression de se trouver dans un grand tourbillon. Elle ne savait plus où elle en était! Les évènements s’enchaînaient beaucoup trop vite à son goût. La soirée avait été plutôt agréable, elle avait eu l’impression de retrouver enfin son ami, jusqu’à ce moment où Qwertz s’était emparé de sa main et y avait déposé un baiser…

Il avait eu l’air déçu qu’elle ne le fasse pas entrer chez elle, ce qu’elle aurait sans doute fait avant! Ah, avant… Tout était beaucoup plus simple! Qwertz et elle se rencontraient à l’Association des Journalistes où ils discutaient amicalement, il leur était arrivé d’échanger quelques messages par pigeon voyageur (Bibitricotin avait la première adressé un compliment à Qwertz suite à la lecture de l’un de ses articles dans le JTDK), mais rien ne laissait présager un tel changement dans leur relation.

Elle aimait bien sa petite vie tranquille au sein de la communauté de Gypsis, elle y avait de nombreux amis. Et voilà que Qwertz venait tout chambouler! Quelle serait son existence si elle cédait aux avances du poète? Comment réagiraient ses amis? Il faut dire que la majorité d’entre eux étaient des hommes. Allez donc savoir pourquoi, Bibitricotin n’avait que très peu d’atomes crochus avec les autres kiponaises, à part 4 ou 5 exceptions.

Elle soupira de nouveau. Où était donc Effray? Il lui avait été d’un grand soutien lors de son arrivée en Kiponie. Son attitude paternaliste à son égard l’avait beaucoup touchée et il lui avait souvent donné de bons conseils. Comme il lui manquait aujourd’hui!

Chipeur, sentant sans doute que sa maîtresse avait besoin de réconfort, lui lécha doucement la main.

- Que dois-je faire, hein, Chipeur?

Le petit animal redressa ses oreilles en entendant son nom. Bibitricotin se leva et pour calmer le trouble qui l’assaillait, se mit à faire son ménage. Elle s’endormit très tard cette nuit là.