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Version (ID) : 8243
Date : Nevea an 477 AUC
Titre : chapitre 15 : La Galerie du Milieu

Contenu :



Chapitre 15
La Galerie du milieu




Après que Faresc leur eut exposé ses craintes quant à un éventuel complot visant à les dissuader de rechercher l'Herbier des simples, les cinq amies avaient pendant quelque temps laissé de côté l'exploration de l'arbre creux de Lapiaz et des trois galeries souterraines.

Chacune s'était employée à faire des recherches le plus discrètement possible. Salmissra, Laufa et Bibitricotin avaient étudié de près les différents ouvrages et manuscrits retrouvés dans la crypte. Dana avait parcouru le Territoire interrogeant les plus vieux menuisiers sur les motifs gravés dans les longs bâtons de bois. Quant à Faresc, elle passait de longues heures dans son laboratoire de Caledonyth à faire des tests sur les flacons de potion brisés.

Hélas, les années passaient et leurs recherches étaient jusqu'alors restées vaines. En l'an 209, soit six années après la découverte de l'arbre creux, les cinq dames se réunissaient comme à leur habitude au Manoir Bluehair'd.

- Il faut que l'on fasse quelque chose! On ne peut pas continuer ainsi! Nous n'avançons guère! disait l'une.

- Oui, c'est vrai! Rester là, alors que nous savons qu'il y a peut-être une réponse dans les galeries de Lapiaz, c'est très frustrant! répondait la deuxième.

- Absolument! Si un danger nous guette, nous saurons bien nous défendre! Nous avons déjà combattu des barbares, des SOTermites, on ne doit plus se laisser intimider par des lanceurs d'herbes! rétorquait une troisième.

- Et puis nous aussi nous avons nos armes! Que ce soit des potions ou des incantations, des piquants, des sortilèges ou des liens avec les éléments, tous ces dons doivent bien nous servir à quelque chose! assurait la quatrième.

- Eh bien, Mesdames, je crois que nous avons pris notre décision! Nous devons retourner à Lapiaz! déclarait la dernière.

C'est ainsi que les cinq aventurières reprenaient six kipo-mois après, la route de Lapiaz et de l'arbre creux.

Elles le retrouvèrent facilement, ayant fait de précieux relevés sur leur carte, la fois précédente. Le soleil n'était pas tout à fait levé, mais elles y voyaient suffisamment pour constater que les buissons et divers branchages savamment placés pour masquer l'entrée de la galerie secrète, ne semblaient pas avoir bougé. S'étant assurées tout au long du chemin de ne pas être suivies, les cinq enquêtrices entrèrent dans l'antre sombre, prenant soin de replacer derrière elles les rameaux touffus.

Une fois à l'intérieur, elles allumèrent leurs torches et descendirent prudemment les quelques marches qui les séparaient de la salle aux cinq alcôves. Laufa qui fermait la marche, disposait au centre de l'escalier un système de son invention, qui lancerait des piquants dans les jambes de ceux qui oseraient s'aventurer à leur suite. Ils étaient imprégnés d'une substance soporifique concoctée par Faresc, qui aurait endormi un crapouilla en un rien de temps!

Une fois dans la grande salle, elles enflammèrent les emplacements visiblement prévus pour éclairer le lieu, et voulurent déballer leurs affaires. Le transport avait été facilité grâce au coffre sur pattes qui suivait Salmissra partout où elle allait. Cependant ce dernier rechignait à restituer ce qu'il avait avalé!

Voilà donc les cinq Kiponaises, tentant d'encercler la boîte ensorcelée, celle-ci jouant comme un jeune chiot fier d'avoir attrapé une balle et ne voulant pas la lâcher! Mais Salmissra connaissait le point faible de son coffre. Elle sortit de sa gibecière un chapelet d'andouillettes.

- Attention, Mesdames, dès qu'il ouvre le couvercle précipitez-vous dessus… dit-elle à mi-voix à ses compagnes.

Toutes se tenaient prêtes, et le coffre se pourléchant déjà les jointures ouvrit bientôt grand son couvercle pour tenter d'engloutir les andouillettes! Mais c'était sans compter sur la vivacité de ces Dames. Elles se saisirent du couvercle qu'elles ouvrirent en grand, immobilisant en même temps le coffre sur pattes de Salmissra. En effet, une fois grand ouvert, celui-ci reprit la fonction d'un banal coffre en bois que ses assaillantes s'empressèrent de vider.

Cette fois, elles avaient pris soin d'apporter une bonne quantité de vivres, des instruments de fouilles, des sacs en coton pour y mettre d'éventuelles trouvailles, deux pioches, deux pelles, deux marteaux, une trousse de secours, deux lampes à graisse de marcassin pour le cas où il faudrait pallier à un manque d'éclairage, ainsi que trois cordes et une boussole, sans oublier les couvertures de laine.

Elles passèrent les premières heures à aménager au mieux la grande salle, en profitant également pour mieux en examiner les coins et les recoins. Les paillasses étant incroyablement bien conservées, elles n'eurent qu'à les recouvrir avec des couvertures, pour en faire des couches assez confortables pour y passer deux ou trois nuits. Leur matériel entreposé, et n'ayant pas fait de découverte extraordinaire, elles se retrouvaient à présent face aux trois entrées des galeries sombres.

- Alors, on y va? demandait l'une.

- Il va bien falloir, répondait la deuxième.

- Oui, mais par laquelle commencer? questionnait la troisième.

- Nous n'avons qu'à faire un tirage au sort, rétorquait la quatrième.

- Attendez! s'exclamait la cinquième, l'une d'entre nous possède un bâton qui saura nous indiquer par où commencer!

Toutes tournèrent la tête vers le bâton de Dana resté près de sa couchette.

- Mais bien sûr! s'écriait Dana, il a toujours été de bon conseil!

Aussitôt dit, Dana prit son bâton en main, pria la Déesse et posa le bâton sur le sol face aux trois entrées. Celui-ci se mit brusquement à tournoyer, tel une girouette! Toutes guettaient le moment où il s'arrêterait. Les minutes passaient et le bâton ne s'arrêtait pas.

- Je ne comprends pas, disait Dana, il n'a jamais été aussi indécis!

- Peut-être qu'il y a quelque chose qui l'empêche de bien fonctionner, lui dit Laufa pour la rassurer.

- Je peux peut-être essayer de l'aider à se concentrer, dit à son tour Salmissra.

Celle-ci, qui avait plus d'un tour dans son sac, s'assit en tailleur, ferma les yeux, et attrapa le bout de ses oreilles avec chacune de ses mains. Elle prononça une incantation dans un langage que seuls les membres du Cercle des Sorcières peuvent comprendre, et ouvrit brusquement les yeux.

- Alors? demanda-t-elle sourire aux lèvres.

Mais devant la mine déconfite de ses compagnes d'aventure elle dût se rendre à l'évidence. Le bâton continuait de tournoyer inlassablement.

- Il y a quelque chose d'autre, dit soudain Faresc.

Tous les regards se portèrent sur elle.

- Je ne peux pas dire ce que c'est, mais j'en ai le pressentiment, affirmait Faresc.

Un silence pesant s'installa, car au fond, toutes avaient plus ou moins cette drôle de sensation.

- Eh bien, peut-être n'y a-t-il pas de choix à faire, déclara Bibitricotin rompant ainsi le silence. Laissons parler notre intuition! Je ne sais pas pour vous, mais la galerie du centre m'attire…

- Moi aussi! Répondirent en chœur Dana, Faresc, Laufa et Salmissra.

- Cela ne peut être une coïncidence, mais nous devons tout de même rester sur nos gardes, ajouta Faresc.

- Pas d'inquiétude! J'ai encore quelques pièges à piquants en réserve! lança Laufa.

- Réveillons mon coffre, il pourrait nous être utile, renchérit Salmissra joignant le geste à la parole en allant rabattre le couvercle sur le coffre, qui, heureux de retrouver sa maîtresse, se mit à gambader autour d'elle.

- Je reprends donc mon bâton, en espérant qu'il nous sera d'un plus grand secours en cas de besoin… grommela Dana quelque peu déçue de la défaillance de son bâton magique.

- Prenons le matériel de fouille, les outils, un ou deux sacs et emportons une petite collation ainsi que la trousse de secours! Ah, n'oublions pas une corde, les lampes et la boussole! énumérait Bibitricotin que l'exploration à venir enthousiasmait au plus haut point.

Les cinq exploratrices se rassemblèrent devant l'entrée de la galerie du milieu.

- Prêtes? demanda Bibitricotin, la voix empreinte d'exaltation.

- Prête! répondirent en chœur ses quatre amies.

Et elles entrèrent dans la galerie du milieu.