Helia an 598 AUC (convertir une date)
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Version (ID) : 6973
Date : Vertumna an 252 AUC
Titre : Chapitre 11 : Andror
Contenu :
Chapitre 11
Andror
De l'autre côté de la forêt et des montagnes du Nord, au delà des plaines de la « désolation », Sheallyne et Heliana faisaient connaissance.
Sheallyne reconnaissait être totalement perdue. Si elle s'était engagée dans cette quête, il y avait de sa part plus de curiosités que d'engagement. Pour Heliana, les choses étaient bien différentes, c'était un devoir, c'était son destin.
Elles s'installèrent sur le trois-mâts de Sheallyne. Maître à bord, elle décida de congédier les deux fidèles marins qui l'avaient accompagnée. Il y avait bien trop longtemps qu'ils étaient loin de leur famille. Une occasion de rentrer chez eux sur un autre bateau se présenta bientôt et le départ aurait lieu dans quelques jours.
Durant de longues soirées, elles mirent en commun leur savoir, pour Sheallyne hormis le vieux parchemin, elle n'avait que peu de choses à offrir. Heliana par contre raconta sa formation et son don de divination, mais resta très vague quant à sa rencontre avec Kentnys. Elle gardait ces instants pour elle, sentant que cela devait être ainsi.
Sheallyne avait rapidement compris sont rôle, elle devait être le « marin » qui allait conduire les élues sur une terre inconnue, même si elle ne savait pas pourquoi elle avait été choisie. Elle se mit donc en quête de préparer le voyage, c'était une chose qu'elle savait faire, et même très bien. Calculer les quantités d'eau potable et les vivres pour un long voyage était tout à fait dans ses cordes.
Elles avaient souvent la visite de Gil qui adorait courir sur le pont et jouer de son épée de bois contre des pirates imaginaires. Il adorait être là et harcelait les jeunes filles de questions, surtout sur la navigation.
Les nuits étaient particulièrement agitées. Au début Sheallyne entendit Heliana parler dans son sommeil, mais n'y prêta pas trop attention, car les mots prononcés étaient incompréhensibles. Très vite, ce fut différent. Tirée de son sommeil par des cris, elle se dirigea vers le lit d'Heliana et trouva la jeune fille en proie à un horrible cauchemar à en croire les grimaces et les gesticulations en tous sens de la prêtresse, surtout le mouvement de sa tête allant de gauche à droite avec frénésie.
Elle essuya la sueur qui perlait sur le front de la jeune fille et prononça doucement son nom :
- Heliana, dit-elle doucement. Tu fais un cauchemar ?
- Sheallyne ! cria la jeune prêtresse. Sheallyne ! Elles sont en danger va à leur rencontre, va fait vite !
- Heliana réveille-toi, je t'en prie. Que me dis-tu ?
- Sheallyne ! Il faut m'obéir ! Maman ! hurla-t-elle.
- Heliana réveille-toi! Sheallyne la secoua un peu.
La jeune prêtresse se réveilla.
- Que se passe-t-il ? Un problème ?
- Tu ne te souviens de rien ? Tu as fait un cauchemar.
La jeune Sheallyne raconta ce qu'elle avait entendu et lui demanda si cela avait un sens pour elle. Les rêves divinatoires ne se révélaient pas toujours à Heliana, mais parfois, elle se souvenait de bribes. Sans doute, le cauchemar l'attendrait une prochaine nuit et peut-être sans souviendrait-elle.
Plusieurs nuits de suite, il en fut de même et chaque fois ce hurlement terrible « Maman ! »
Une nuit plus sombre encore que les autres, le cauchemar recommença. Cette fois, elle « vit ». « Heliana courait à perdre haleine vers son amie Sheallyne et elle lui ordonnait de partir, de mettre toutes voiles vers le Nord.
Puis il y avait les flammes bleues qui embrasaient le sanctuaire et sa mère qui en sortait avec la robe en feu. Andror, son père adoptif, se battait contre une espèce de monstre aux yeux jaunes mi loup, mi ours, à la fourrure noire comme la nuit. Des oiseaux survolaient le sanctuaire et lâchaient des espèces de torches en flammes sur le toit. Il faisait nuit noire, une chape d'ombre entourait les lieux.
Evalina se roulait dans la poussière pour éteindre la robe. Heliana tentait de lui venir en aide, mais elle était pétrifiée, ni ses jambes, ni ses bras ne pouvaient bouger. Elle était paralysée et elle devait assister au spectacle horrible sans pouvoir ne rien faire sinon hurler : « Maman : ! ».
À ce moment précis, elle se réveilla. Comme chaque fois, son amie Sheallyne était à son chevet. Elle se mit à pleurer et raconta son rêve par le détail.
- C'est horrible ! Comment interprètes-tu cela, tu penses que tu vois l'avenir ?
- Je ne sais pas. Parfois, les divinations doivent être interprétées. Par contre, je sais une chose le monstre fait partie du bestiaire du Maître de l'Ombre, ma mère me l'a enseigné.
- Que vas-tu faire?
- Je ne sais pas. Il faudrait que j'aille voir l'état du sanctuaire et si les autres arrivent entre-temps nous allons prendre du retard.
- Te conseiller m'est très difficile. Je te fais confiance et tu es la seule à pouvoir prendre la décision.
- Pour le moment dormons un peu, le cauchemar ne devrait pas revenir cette nuit.
Sheallyne regagna son lit, l'esprit troublé, mais finit par s'endormir. Heliana ne ferma pas l’œil jusqu'à l'aube.
Au petit matin, c'est Gil qui les réveilla en criant à tue-tête:
- Heliana, Heliana ta maman est là!
Elles descendirent sur le quai et virent Evalina enveloppée dans une couverture, semblant transie de froid.
- Mon enfant, tu vas bien ?
- Oui, mère ! Heliana la fit monter à bord et l'installa dans la cabine.
- Bonjour, c'est donc vous Sheallyne, elle lui adressa un sourire que la jeune fille lui rendit.
- Mère que faites-vous ici ?
- J'ai quitté le sanctuaire, car j'étais habitée par d'affreux cauchemars. Ma tête me tournait tant j'étais fatiguée. Andror semblait inquiet lui aussi, mais tu le connais, il a décidé de rester.
"Je me suis réfugiée dans la nature, dans la forêt près de l'arbre du Savoir. Ton père tenait à rester pour garder les lieux. Chaque matin, je revenais faire les offrandes et les prières et un matin, je suis arrivée trop tard, elle refoula des sanglots.
"Le sanctuaire était en feu, comme dans mes pires cauchemars, ton père, mon époux ...gisait sur le sol avec des blessures atroces ainsi que l'affreux monstre que je voyais chaque nuit se battre contre lui.
Elle osait à peine regarder les jeunes filles.
"Je ne savais que faire et j'ai pensé à toi Heliana, je pensais que tu devais être morte de peur. J'étais presque sûr que tu faisais les mêmes cauchemars que moi.
- Mère, dit-elle en sanglotant. Dans les miens, tu étais emportée par les flammes.
Les larmes coulaient et elles ne pouvaient plus les retenir.
- Oh ! Mère !
Elles se jetèrent dans les bras l'une de l'autre et Sheallyne sortit sur le pont. Gil était assis sur le petit escalier, il ne jouait pas comme à son habitude, il avait l'air triste.
- Heliana pleure ?
- Oui.
Sheallyne n'ajouta rien et resta assise près de Gil en le tenant par l'épaule.