Helia an 598 AUC (convertir une date)

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Version (ID) : 6486
Date : Vertumna an 227 AUC
Titre : Chapitre 7 : La prophétie

Contenu :



Chapitre 7

La prophétie




Il ne fallait pas s'attarder. Si les oiseaux étaient partis c'est qu'ils ne pouvaient pas entrer dans la forêt, les arbres leur barraient le passage. Il n'y avait pas que les arbres d'ailleurs, cette forêt était protégée par un charme d'une magie très ancienne. Mériade remercia Luciléa mais ne s'attarda pas en politesses.

-Il faut très vite trouver un abri pour la nuit, dit-elle.

Luciléa surprise de comprendre et entendre parler une licorne ne bougea pas. D'ailleurs les licornes étaient sensées ne pas exister. Elle fut secouée par la résonance du cri de son faucon qui lui revint à l'esprit. Elle comprit enfin que l'on comptait sur elle.

-Je peux vous conduire à la grotte qui se trouve de l'autre côté de la forêt. Elle est étroite mais nous devrions y tenir pour la nuit. Les arbres...pourront-ils faire barrière?

Sa question lui parut complétement ridicule, les arbres pouvaient-ils réellement agir comme ils venaient de le faire un peu plus tôt. N'était-elle pas en train de rêver?

Mériade ressentait le trouble de la jeune fille, mais elle l'interrogea sur la grotte sans lui donner d'explication:

-Dans cette grotte y a-t-il une peinture rupestre?
-Oui, c'est exact, répondit machinalement la jeune fille.
-Alors conduis-nous, je te prie si c'est bien la grotte "prophétie" nous serons à l'abri pour quelques temps. Serinoë tu es bien silencieuse.
-Je ne me sens pas très bien....

La licorne la regarda avec inquiétude, s'approcha et lui toucha la main avec ses naseaux.

- Ta main est brûlante! Es-tu blessée?
-Je ne crois pas, dit faiblement Serinoë, mais elle s'effondra sur le sol.

Luciléa accourut, se baissa vers la jeune fille et l'inspecta.

-Je ne vois aucune blessure.
- La magie! dit Mériade, elle nous a protégées dans notre fuite en utilisant la magie, tout le long du chemin et nul ne peut s'en servir sans conséquence. Mettons-nous en chemin vers la grotte dont tu nous as parlée. Elle doit se reposer.

Luciléa prit Serinoë dans ses bras. Elle était si légère! pensa l'archère. Elle l'installa à califourchon du mieux qu'elle put sur son cheval et grimpa derrière elle pour la maintenir dans ses bras. Mériade avançait à leur côté jetant de nombreux regards inquiets vers les jeunes filles, elle n'était pas tranquille.

Elles marchèrent au pas durant plus d'une heure. Les arbres se refermaient sur leur passage comme pour faire barrage.

-Voilà nous y sommes, mais il faut traverser la clairière et la petit vallée à découvert. Regardez! Elle est là-bas, on l'aperçoit un peu.

Mériade regarda dans toutes les directions et conclut qu'elles avaient le temps.

-Nous devrions être en sécurité pour un moment. Nous sommes moins repérables qu'en début de journée. Ne traînons pas, allons-y maintenant. Il est impératif que Serinoë retrouve des forces si nous voulons avoir une chance de réussir.

Curieusement elles atteignirent la grotte sans problème. L'archère déposa Serinoë sur la couverture qui ne la quittait jamais depuis qu'elle vivait en exil.

Pendant ce temps, la licorne blanche regardait avec attention la peinture. Elle resta quelques instants sans rien dire et s'adressa à Luciléa:

-C'est bien la grotte "prophétie". Tu vois là-haut? C'est toi et tes flèches. Ici nous avons Serinoë et moi-même. Nous devrons rejoindre ici notre embarcation ainsi que la jeune capitaine et notre amie la prêtresse. Voyant l'air interrogateur de la jeune fille, elle ajouta : approche, tu mérites une petite explication.

>Il y a bien longtemps les licornes vivaient heureuses dans les grandes prairies. Les hommes et autres races vivaient en harmonie. Les champs donnaient en abondance, le bétail offrait le lait et la viande plus qu'il n'en fallait.

La lutte commença suite aux années de sécheresse qui se suivirent par une famine inévitable. Plus de blé, d'orge, de seigle encore moins de bétail appétissant. Les fermiers finirent par mendier leur repas, les seigneurs par se tournaient vers le gibier afin de satisfaire les bouches à nourrir. Les grandes chasses commencèrent.

Nous nous sentions à l'abri dans nos prairies bien qu'elles aussi étaient moins vertes. Mais nous parvenions à survivre, à boire et à manger selon nos besoins. Les naissances étaient certes plus rare et la survie de nos petits plus difficile, car notre lait n'avait plus les qualités nutritives d'autrefois.

Nous n'avions pas envisagé que les hommes nous attaqueraient. Ils nous respectaient. Tout d'abord ils cherchèrent les jeunes mères pour leur prendre le lait, puis arriva le jour où l'un d'eux osa, d'un tir de flèche, ôter la vie à l'une des nôtres. Et ce fut le chaos! Le carnage. Nous fûmes chassées sans répit durant de longues années. Alors nous sommes parties loin des hommes. Nous ne sommes maintenant qu'un tout petit groupe loin au Nord.

Les hommes quant à eux, on fait la guerre. Guerre entre races qui a vu le recul des Elfes dans les forêts, des trolls dans les montagnes. Guerre entre les hommes du Nord contre ceux du Sud et ceux du Sud contre les peuplades maritimes.

Les druides se réveillèrent. L'un d'eux s'adressa à nous. Un jour viendrait où l'une d'entre nous devrait quitter le pays accompagnée de trois filles qui seraient choisies par l'arbre du Savoir. Maintenant ou dans leur descendance. Ses trois jeunes filles seraient appelées par la "prophétie" et rien ne pourra défaire ce qui sera fait. Le Rassemblement aurait lieu et le départ serait imminent. Afin de créer un monde de paix et d'oubli, où chacun aurait sa place toutes races confondues.

Mais l'un d'eux renia ses vœux et devint l'Obscur. Il fit tout pour que les enfants ne soient pas trouvées, ni bénies sous les arbres du Savoir. Les druides querellèrent. Mais leurs pouvoirs grandissants, vous avez été choisies. Vos mères avant vous. Il est venu le temps du départ. L'Obscur sait et il n'aura de cesse de nous en empêcher. Nous devons réussir....>

Son récit s'arrêta. Luciléa regardait les yeux écarquillés la fière licorne, mais celle-ci ne lui laissa pas le temps de dire un seul mot.

- Avant que tu ne me poses tes questions, il faut te reposer. Je vais prendre la garde. Demain, il sera temps et nous avons du chemin à parcourir.

Luciléa avait du mal à s'endormir, tant d'interrogations, tant d'images venant envahir ses pensées. Pourquoi? Pourquoi maintenant? Pourquoi avoir était élue? Sa mère avant elle? Enroulée dans son manteau, se réchauffant à peine, elle finit toutefois par tomber de sommeil.

Serinoë semblait dormir paisiblement, mais déjà se dessinait une mèche de cheveux blancs dans sa belle chevelure ébène.