Helia an 598 AUC (convertir une date)
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Version (ID) : 6409
Date : Frodea an 221 AUC
Titre : Chapitre 5 : La menace de l'ombre
Contenu :
Chapitre 5
La menace de l'Ombre
Mériade était inquiète. Bien que Serinoë soit parvenue en peu de temps à dominer ses pouvoirs, le temps pressait.
Le Grand Rassemblement devait avoir lieu avant le solstice d'hiver, c'était impératif. Même si Serinoë s'essayait sur les saisons, on pouvait passer de l'hiver à l'été sur la journée deux ou trois fois par jour près de la grotte, elles continuaient leur rythme dans la vallée.
Il lui restait à maîtriser le brouillard avant que les autres n'arrivent. Il était primordial pour toute l'équipée qui serait formée au Rassemblement que la jeune magicienne acquiert cette technique.
Dans la vallée régnait l'agitation d'avant l'orage. Mériade s'inquiéta ; est-ce le Grand Orage qui s'annonçait? Elle attendait ce signe avec beaucoup de crainte, car si l'orage de la prophétie éclatait, c'est qu'il était grand temps de se mettre en chemin et que le danger n'était pas loin. Elles devaient rejoindre les autres dans les marais, elles ne pouvaient se permettre d'attendre.
Serinoë avait, dans le regard, cette candeur qu'ont les enfants lorsqu'ils découvrent les choses. Elle avait un corps de femme mais en réalité sa naissance avait eu lieu il y a à peine quelques mois et parfois elle se comportait comme une enfant.
Le temps. La maîtrise du temps. Mériade aurait aimé être capable de l'arrêter, mais même la magie n'y pouvait rien. Le temps s'écoulait et avançait vers l'ultime épreuve.
Elle se dirigea vers Serinoë et lui dit d'un ton grave:
-Il est temps. Range tes affaires dans le coffre, ne prends que ta clef et la baguette. Revêts des vêtements de pluie car l'orage est proche.
Serinoë lui sourit et d'un coup de baguette se retrouva avec une capeline sur les épaules.
- Je suis prête, mais pourquoi tant de hâte? Nous n'attendons plus les autres?
C'est un éclair dans le ciel qui lui apporta la réponse. Il zébra le ciel jusqu'au plus profond de la vallée. Des nuages noirs s’amoncelaient et progressaient vers la montagne, menaçants.
- C'est l'Orage de la prophétie mon amie?
- Hélas! Nous sommes en retard. Vite! Grimpe sur mon dos.
Leur descente vers la vallée à peine commencée, ils apparurent dans le lointain. La licorne s'arrêta net et tourna la tête en leur direction.
-Ils sont là ! Regarde à la sortie du nuage, les ombres ailées. Ce sont les oiseaux de l'Ombre, ils ont été libérés. Tu es en danger! Filons vers la forêt! Cramponne-toi!
Aussitôt la licorne prit le maximum de risques car si les créatures de l'Ombre les trouvaient sur ce chemin escarpé, elles n'auraient aucune chance de s'en sortir vivantes. Mériade s'appliquait à descendre les derniers mètres qui leur restaient à parcourir lorsque la pluie commença à tomber.
Enfin elle pouvait galoper. La pluie était de plus en plus forte et de plus en plus froide. Serinoë malgré sa capeline ressentait le froid, l'eau était gelée.
Mériade garder le train, elle cherchait du regard la lisière de la forêt. L'obscurité enveloppait la terre. Les oiseaux grossissaient dans le lointain, ils se rapprochaient. La licorne blanche regrettait une fois encore que la jeune fille n'arrivait pas à contrôler le brouillard, si tel avait été le cas, elles seraient à l'abri de ces abominables volatiles.
La pluie était de plus en plus froide, déjà l'herbe se pétrifiait de glace. Signe que les monstres volants seraient bientôt au-dessus de leurs têtes.
-Mériade l'eau me glace cria Serinoë,
-Sers-toi de tes pouvoirs pour te réchauffer, répondit la vaillante licorne dont le souffle devenait de plus en plus court. Serinoë fit de son mieux pour lutter contre le gel qui tombait du ciel noir de geai.
La première attaque fut brutale. L'oiseau plongea sur la cavalière et sa monture ; la licorne fit un pas de côté qui les sauva. La créature malfaisante les rasa de ses ailes immenses et se redressa juste avant de percuter le sol, elles s'étaient dérobées sous elle.
Enfin la forêt fut en vue. La licorne reprit courage et accéléra dans un ultime effort. L'oiseau de l'Ombre était prêt à fondre de nouveau sur elles et il n'allait pas manquer deux fois sa cible. Il tombait en piquer, les serres en avant. Serinoë se coucha sur la crinière de Mériade. Celle-ci accéléra tant qu'elle le pouvait encore et sauta par dessus une souche qui barrait le chemin. Un cri de douleur envahit l'espace.
Un petit faucon s'interposa entre le dos de Serinoë et les serres qui allaient se refermer sur la jeune fille. Le faucon était enserré et ne pouvait plus respirer. Mériade crut entendre son dernier souffle.
Un autre cri d'horreur venant de la forêt se fit entendre:
-Noooon! Pas ça! hurla l'archère. Elle se mit aussitôt en position et décocha une flèche puis une seconde qui atteignit l'horrible oiseau sur le flanc. Il ouvrit ses serres et lâcha le faucon qui tomba comme un caillou. L'archère tendait son arc, visait et lâchait la corde à la vitesse de l'éclair. Enfin l'une d'elle atteignit l'espèce de vautour en plein cœur. Son cri strident raisonna dans la vallée.
Mériade et Serinoë étaient enfin à l'abri dans la forêt.
Les monstres ailés avaient l'air de battre en retraite, comme repoussés par la forêt. Luciléa allait se précipiter vers son faucon qui gisait sur le sol, mais la licorne blanche l'en empêcha.
-Non! N'y va pas! Attends!.
Les arbres se serraient les uns contre les autres en se pliant pour faire un écran de feuillage épais. Luciléa n'en croyait pas ses yeux.
L'urgence était maintenant de se cacher au plus vite. L'obscurité qui se déroulait sur la vallée comme un drap tiré par les oiseaux de l'Ombre, se mit à reculer, la pluie cessa, les créatures disparurent en hurlant. Un cri qui vous glaçait le sang. Tout devint calme et le soleil darda un rayon à travers les arbres.
Luciléa se tourna vers Mériade et Serinoë, pour la première fois elle prit conscience qu'elle venait de les sauver mais aussi que les dessins de la grotte devenaient réalité.