Vertumna an 602 AUC (convertir une date)
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Version (ID) : 6408
Date : Frodea an 221 AUC
Titre : Chapitre 4: Héliana
Contenu :
Héliana
Héliana vivait dans les marais depuis toujours. Elle savait qu'elles n'allaient pas tarder à venir. Elle avait été préparée pour cette rencontre. Elle en était le centre.
Depuis son plus jeune âge la grande prêtresse lui avait enseigné que trois jeunes filles viendraient accompagnées d'une licorne blanche. Elles arriveraient une à une, mais personne ne savait dans quel ordre. Elles devraient alors toutes ensembles partir pour un pays inconnu.
Ces femmes avaient un destin lié. La prêtresse lui avait également appris qu'elle ne verrait plus les marais, son départ serait sans retour.
Pourtant elle aimait s'y perdre. Elle avait une embarcation, une barque à fond plat, et elle se déplaçait au travers du marais en poussant à la bourne son petit bateau. Même par temps de brouillard elle parvenait à s'y diriger.
Elle n'avait pas seulement un sens de l'orientation inné, elle connaissait le maniement de l'épée et du sabre. Cet enseignement lui avait été inculqué par le maître d'armes.
Elle essayait de passer le plus de temps possible dans les lieux qu'elle aimait. Elle imprégnait sa mémoire des senteurs que répandait la nature à l'aube et au crépuscule. Elle craignait de les oublier lorsqu'elle serait loin de sa terre natale.
La prêtresse et le maître d'armes étaient les seules personnes qu'elle connaissait. Elle les aimait comme des parents. Héliana se demandait parfois si ce n'était pas le cas. L'amour que lui portait la prêtresse pouvait le laisser penser.Elle vivait dans le non dit.
Elle parlait peu. Elle se hasardait parfois, après une longue journée de cheval au grand galop, près du village le plus proche. Elle y voyait : la Vie.
Elle se cachait aux abords d'une maison, elle était devenue maître dans l'art de se fondre dans le décor. Elle observait. Elle aimait le rire des enfants, le sourire des mères et la voix autoritaire des pères revenant des champs ou des ateliers. Elle les écoutait sans bruit.
Un jour elle se retrouva face à face avec un garçonnet qui visiblement était bien loin de sa maison. Il pleurnichait.
- Sais plus où est ma maison, tu le sais toi ? lui dit-il d'un air déterminé.
- Hélas je ne peux t'aider. Sa propre voix la surprit. Viens nous allons chercher.
- Je ne trouve pas le pont !
- Alors si tu habites près du pont, on va suivre la rivière et nous allons forcément retrouver ta maison
- T'es gentil, t'es qui ?
Le regard inquisiteur du petit garçon l'amusait beaucoup.
- Je m'appelle Héliana et toi?
- moi c'est Gil.
- C'est un joli nom.
- Ben moi je ne l'aime pas dit-il boudeur.
Ils avaient marché un bon moment et soudain le gamin courut en direction d'une chaumière.
-Salut! cria-t-il
-Attends! dit-elle mais il était déjà reparti.
Elle avait aimé discuter avec lui. La solitude parfois lui pesait, mais elle n'en disait rien à la prêtresse et au maître.
Ce soir-là quand elle rentra, la prêtresse lui dit:
-Je suis heureuse que tu aies pu rencontrer quelqu'un au village.
Héliana rougit, on ne pouvait rien cacher à la prêtresse elle avait un don de télépathe. La jeune fille n'avait donc aucun secret. Parfois elle venait à espérer que le Grand Rassemblement ait lieu le plus rapidement possible. Au moins elle aurait peut-être des amies.