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Version (ID) : 6406
Date : Frodea an 221 AUC
Titre : chapitre 3 : La demoiselle au long cours

Contenu :



Chapitre 3

La demoiselle au long cours





Ils avaient pris la mer depuis bien longtemps. Sheallyne ne connaissait que la mer ou presque. Sa mère morte après lui avoir donné naissance, son père l'avait embarquée sur son trois mâts avec une nourrice.

Ses premiers pas chancelants avaient été faits sur le pont. Le moindre recoin du navire lui était familier. Le son des craquements de la coque de bois lui indiquait le temps qui se préparait.

Des années durant, ils avaient fait commerce de port en port. La petite Sheallyne courait sur les marchés donnant du fil à retordre à sa nourrice qui fut un jour laissée dans l'une des cités. La séparation fut un crève cœur pour toutes les deux.

Son père lui apprit le maniement de l'épée. Elle ne craignait aucun pirate. Elle avait dû se battre à plusieurs reprises aux côtés des marins fidèles qui faisaient office de famille pour la demoiselle au long cours surnom que lui avait donné l'un des matelots.

Elle entendit parlait de la légende un soir de veillée. Le vieux Scribe, qui ne savait ni lire ni écrire, avait un talent de conteur que nul ne pouvait égaler ce qui lui valut son surnom. Il pouvait de mémoire contait par le détail les événements d'une journée passée. Dès qu'il s'engageait dans l'histoire de la légende les commentaires des marins étaient sans appel:

"La légende des Terres Sacrées est un mythe, un conte pour enfants! La licorne sacrée n'existe pas. Pourquoi nous faire perdre notre temps avec tes fables?"

Sheallyne était la seule à y rêver étant enfant. Souvent elle surprenait son père et Scribe lisant une carte sur un vieux parchemin. Elle n'avait jamais su que ce parchemin allait changer sa vie.

C'est un jour de tempête que tout bascula. Plusieurs marins se noyèrent et son père attrapa une fièvre qui l'emporta. Elle resta à son chevet des mois durant. Ils avaient fait cap sur les mers chaudes du Sud afin que le climat soit plus clément. Mais rien n'y fit, le vieil homme fatigué donna à sa fille un coffre et une clef avant de rendre son dernier soupir. Elle y trouva un titre de propriété concernant une maison et un vieux parchemin. Celui aperçut maintes fois. Surprise par son contenu, elle le roula et pensa: "Le vieux fou de Scribe ne racontait pas de sornettes."

La fable, la légende y était relatée et une carte de navigation l'accompagnait.

Elle décida de se rendre au domaine. Son oncle en charge de faire tournée l'exploitation de chanvre, n'entendait pas être évincé par son retour de la tête de l'entreprise. Elle n'était pas la bienvenue. Elle n'eut qu'un seul plaisir celui de retrouver sa nourrice certes vieillissante et souffreteuse, mais la joie fut grande. Elles passèrent beaucoup de temps ensemble et une présence féminine lui fit le plus grand bien.

Ayant fait comprendre à son oncle que ses intentions n'étaient pas de nuire à ses prétentions, elle lui proposa de lui vendre le domaine pour une somme toutefois symbolique au regard de l'exploitation agricole. Il s'empressa d'accepter.

Elle reprit donc la mer avec deux fidèles marins de son père. Elle avait un rendez-vous et devait se rendre au Rassemblement, dont la légende faisait mention. Car depuis son retour chaque soir elle relisait le parchemin et avait pris note de tout ce que Scribe avait pu raconté à son sujet.

Prise pour une folle, c'est sous les regards semi-amusés, semi-inquiets qu'elle quitta le port pour un pays inconnu.

La direction à prendre était claire, cap au Sud, Sud-Ouest. Une région où seuls quelques peuples nomades venaient parfois faire commerce.