Frodea an 602 AUC (convertir une date)

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Version (ID) : 6405
Date : Frodea an 221 AUC
Titre : Chapitre 2 : L'archère

Contenu :



Chapitre 2
L'archère





Dans la forêt vivait l'archère. Elle s'y retrouvait seule par un vilain coup du sort. De noble lignée, elle était née dans les Terres du Nord. Le prince de la province était l'un des meilleurs archers du pays et ne tolérait pas qu'on le défie, encore moins que l'on soit meilleur que lui.

Elle avait dû fuir. Fuir à cause de son audace et de sa fierté. Elle n'avait emporté que son cheval, son arc, ses flèches, des petits outils et était suivie par un faucon semi-dressé. Elle était maintenant recherchée par la garde princière et devait se méfier même de ses amis.

Au début, elle essaya de vivre près de la cité, mais finit par s'enfoncer dans les Terres du Nord à la lisière de la forêt et des montagnes. Elle vivait de pêche, de chasse et toute sa survie tenait dans son arc.

Elle était particulièrement vigilante au crépuscule, les feux pouvant se repérer à des kilomètres. Elle avait construit une cabane aux abords de la vallée.

Après la piste, le chemin serpentait à travers d'épais buissons et conduisait à un petit trou à même la roche. Elle s'en servait comme d'une cave pour y stocker un peu de nourriture et y dissimuler le fer qu'elle volait près des habitations. Sans celui-ci, qu'elle utilisait pour confectionner la pointe de ses flèches, elle ne pouvait survivre.

Cependant, elle avait un allié : le faucon. Il la survolait souvent. Lorsqu'elle chassait, il lui subtilisait parfois quelques proies. Si elle devait se cacher, tapie dans un fourré, elle parvenait à reconnaître ses battements d'ailes dans le bruissement du vent. Son cri la prévenait des dangers. Il n'était jamais très loin. Si la voie était libre, un nouveau cri retentissait.

La vie aurait pu être tout autre pour Luciléa. Elle pouvait prétendre à un mariage de haut rang. Au lieu de cela, elle avait prouvé à un prince imbu de sa personne qu'il y avait meilleur que lui au noble sport de l'Arc. Ce jour-là, elle n'avait pas seulement obtenu plus de points que lui, mais pour le ridiculiser elle avait visé si précisément qu'elle avait fendu la flèche que le prince venait de mettre juste au milieu de la cible. La colère du prince était telle, qu'il avait failli en venir aux mains. D'un geste large du bras, il avait commandé à ses gardes: "Qu'elle disparaisse de ma vue à jamais, conduisez-là à la porte de la cité!".

Malgré les cris de la mère de Luciléa et la rumeur de la foule ; ainsi fut fait.

Elle s'accommodait de sa nouvelle vie. La seule chose, qui lui manquait réellement, c'était les soirées où sa marraine lui faisait la lecture. Elle n'avait pas eu le temps d'emporter des livres.

Mais depuis quelques temps, ses journées étaient consacrées à l'interprétation de peintures rupestres qu'elle avait découvertes dans l'une des grottes que l'on apercevait, un peu plus haut dans la montagne, en longeant le fleuve. Elle commençait à peine à comprendre le sens de cette prophétie, car c'est de cela qu'il s'agissait. Les peintures représentaient la prophétie de la licorne. Elle en avait entendu parler au château, mais personne, non jamais personne, n'avait mentionné qu'une telle représentation existait.

Les dessins se déployaient en quatre points ; les quatre points cardinaux. Au centre, il s'agissait sans nul doute du Rassemblement. Puis, du centre s'écoulait comme un fleuve, une rivière, un chemin qu'empruntait un petit groupe d'hommes ou de femmes avec des montures à leurs côtés.

Ce qui l'intriguait par dessus tout et qui la fascinait, c'était cet arc tendu, une flèche prête à être lancée qui était représentée au Nord.

Avait-elle un rôle à y jouer ? Très vite elle chassait cette idée. Comment pouvait-elle être aussi prétentieuse ?

Lorsqu'elle redescendait dans la vallée, elle était souvent en colère contre elle-même. Sa fierté ne l'avait-elle pas conduite à devoir se cacher, à vivre seule, ne pouvant revoir les siens ?

Elle partait alors au grand galop, la rage au cœur, suivant le fleuve jusqu'à épuiser sa monture. Faire le vide dans sans tête. Ne plus penser. Parfois, même, elle pleurait.