Prairial an 598 AUC (convertir une date)

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Version (ID) : 6341
Date : Helia an 217 AUC
Titre : chapitre 16 : Armoiries sur édredon

Contenu :



Chapitre 16
Armoiries sur édredon



La galerie était sombre. Grâce à leurs cinq torches elles pouvaient voir à quelques pas devant elles. Le couloir semblait très étroit et long. Elles se regardèrent cherchant l'assentiment de toutes, elles firent un oui de la tête et se mirent en marche.

Faresc était la dernière, cela devenant presque une habitude. Elles marchaient depuis un moment déjà lorsqu'elle se retourna une première fois ; dans le fond elle aperçut la lumière que diffusait la lampe à graisse de marcassin qu'elles avaient laissée allumée. L'entrée se dessinait distinctement.

Toutes regardaient à droite et à gauche pour ne pas passer à côté d'une inscription ou d'une décoration, mais il n'y avait rien. Rien que deux murs rectilignes s'enfonçant dans les ténèbres et paraissant d'une longueur défiant l'imagination.

Le silence qui s'installa entre elles, signifiait que toutes, sans exception aucune, devaient réfléchir, cherchaient à comprendre, les sens en éveil.

Laufa qui paraissait fatiguée demanda:

- Depuis combien de temps marchons-nous?
- Longtemps, répondit l'une d'elles,
- Trop longtemps à mon avis, conclut l'autre.

Dame Faresc se retourna une seconde fois et ne vit alors qu'un petit point de lumière dans le fond de la galerie.

- Faisons une pause et buvons un peu d'eau, ces murs sont secs, aucune humidité ici, c'est incroyable.
- Nous avons l'impression de descendre depuis quelque temps,
- Oui, nous nous enfonçons de plus en plus.

La tension était palpable. Les mots étaient mesurés et aucune d'entre elles n'avait envie de rire ou de s'écarter du but de leur enquête. Pourtant à leurs heures, elles étaient plus que bavardes.

Après avoir étanché leur soif, elles repartirent. Il y avait bien une heure qu'elles avançaient quand soudain le couloir s'ouvrit sur un espace plus large, face à elle un mur.

- Zut, un cul-de-sac!
- Regardez ! Il y a des torchères sur les murs de côté.

Avant même d'avoir consulté les autres, Dana et Salmissra allumèrent dans un geste quasi simultané l'une le vase qui se trouvait à droite, l'autre celui de gauche.

Ce qu'il se passa à cet instant précis fut étonnamment rapide et dans la confusion, il est difficile de dire vraiment ce qu'il arriva réellement ; Dana et Salmissra disparurent dans le mur. Elles furent comme happées, avalées par le mur!

-Dana!
-Salmissra!
Les trois dernières enquêtrices criaient sans être entendues, tapaient sur le mur mais personne ne répondit à leurs coups.

Bibi fut la première à reprendre ses esprits et à essayer de comprendre.

- Regardez si vous voyez quelque chose qui puisse servir de déclencheur à une ouverture secrète, une porte dérobée. Bref, réfléchissons!

Elles avaient beau chercher, rien , il n'y avait rien.

- Peut-être pourrions-nous éteindre et refaire les mêmes gestes que Sal et Dana, suggéra Laufa
- Mauvaise idée, l'une de nous resterait seule ici et ce n'est pas le moment de nous séparer, conclut Bibitricotin.

Faresc frissonna. L'atmosphère de la petite pièce, sans porte, ni fenêtre, avait changé. Elle constata avec effroi qu'elle avait les pieds dans l'eau. Elle se retourna et remarqua que du couloir en pente de l'eau dévalait dans le cul-de-sac, à la vitesse d'un torrent. Les murs ruisselaient. Elle entendait l'eau.

- Vite! Il faut partir! Regardez l'eau va envahir la pièce! Le niveau de va pas tarder à monter!

Laufa et Bibi comprirent très vite de quoi il s'agissait. Elles ne se firent pas prier et les trois amies se mirent à courir dans le passage légèrement pentu. Leur course était rythmée par la cadence du clapotis de leurs pieds.

Bibi commença à regretter de ne pas avoir participé plus souvent aux courses de brouettes, ni même à l'entraînement des athlètes, car elle s'aperçut très vite que Laufa et Faresc avaient un rythme bien meilleur que le sien.

Arrivées sur le plat elles ralentirent un peu et regardèrent les murs qui dégoulinaient. Tous les dix pas, à hauteur d'homme, on pouvait voir l'emblème : le serpent ondoyant entre deux pattes griffues.

- Il n'y avait rien tout à l'heure!
- Exact! Continuons! Allons jusqu'à la crypte, ne traînons pas!

Elles y pénétrèrent enfin.
- Nous voilà au sec ! dit Laufa.

En regardant dans la galerie qu'elles venaient de quitter, Faresc s'exclama :
- Regardez ! Plus rien ! Plus d'eau, plus d'emblème. Avons-nous été victimes d'une hallucination?

Bibi qui haletait s'exclama :
- Par le grand crapouilla, vous avez la forme les filles!

Elle se dirigeait vers les alcôves pour s'asseoir et reprendre son souffle quand elle cria :

- Venez par ici!

Elles avaient peine à en croire leurs yeux. Dana et Sal reposaient chacune sur une couche. Non pas recouvertes des couvertures qu'elles avaient apportées, mais d'un magnifique édredon aux armoiries l'une de Lapiaz, l'autre de Koryndon. Les trois autres lits attendaient visiblement les deux Gypsotes et la petite Caledonyenne.

- Que devons-nous faire? demanda Faresc

Elles commencèrent par essayer de réveiller Dana et Sal, mais elles paraissaient inconscientes. Les secouer, crier ne servit à rien. Ce qui rassura nos trois amies fut sans aucun doute le visage serein qu'arboraient les deux dormeuses. Sal eut même un sourire.

Faresc sortit une fiole, à peine ouverte se dégagea alors une odeur nauséabonde qui aurait réveillé un mort.

- Pouah! C'est quoi ce truc?
- C'est une préparation d'huile de poisson et de graisse de marcassin, macérées dans une peau mal tannée, avec quelques croûtes de fromage. Je m'en sers pour éloigner les moustiques des marais.

Elle le passa sous le nez de Sal, mais celle-ci continua de sourire, tandis que Bibi et Laufa suppliaient Faresc de refermer au plus vite le récipient.

La conclusion parut évidente en voyant les trois autres lits ; il fallait s'y installer.

- Je crois que nous allons prendre un peu de repos. Qu'en pensez-vous? dit Dame Faresc.
- Essayons, que pourrait-il nous arriver? Peut-être que l'une d'entre nous devrait attendre de voir ce qu'il se passe pour les deux autres proposa Laufa.
- C'est vrai que cela serait plus prudent dit Bibi.

Laufa tournait autour du petit lit qui lui était destiné. On connaissait l'amour qu'avait la hérissonne pour sa cité et pour en défendre les couleurs et pourtant:

- Comment sont-elles arrivées ici? Et puis ce lit bien qu'aux couleurs de Caledonyth me fait un peu peur, je ne m'y coucherai jamais.

L'une faisait les cent pas, l'autre était au chevet de Sal et Dana et la troisième regardait la galerie du milieu fixement. Comment pouvaient-elles se retrouver dans un lit? Y avait-il une issue qui donnait directement dans la crypte?

- Nous ne pouvons pas rester ici infiniment, je pense qu'elles ne dorment pas, elles sont dans un état "second". Une sorte de coma. Il faut que l'une d'entre nous se dévoue.
- On tire à la courte paille?
- Ben, je ne sais pas trop, c'est une décision pas facile à prendre.

Soudain la pièce se trouva envahie d'un parfum agréable.

- Tu as ouvert une nouvelle fiole Faresc?
- Non, pas du tout.

Laufa se mit à bâiller et se dirigea tout droit vers la couche et s'y installa en disant:

- Je ne sais pas pour vous, mais moi j'ai envie de dormir.
- Laufa, attends que fais-tu? Je croyais que tu ne voulais pas t'y installer.
- Faresc! Je tombe de sommeil moi aussi, cette odeur enivrante me fait somnoler, dit Bibi.
- Bon sang! Le parfum! J'ai l'impression que l'on nous invite à dormir, alors à quoi bon résister! Installons-nous et nous verrons bien.

Elles se couchèrent avec quelque appréhension. La paillasse de chaque alcôve avait fait place à un lit très confortable et elles s'endormirent aussi vite que cela puisse être. Faresc eut l'impression d'avoir juste le temps de fermer les yeux. Lorsqu'elle les ouvrit de nouveau, elle était dans la région de Lapiaz, mais à la fois ce n'était pas celle qu'elle connaissait. Elle aperçut Sal et Dana.

- Il n'est pas trop tôt, on vous attendait!