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Version (ID) : 5068
Date : Eolia an 185 AUC
Titre : Le Territoire

Contenu :

Eolia an 162

Le Territoire

(Kipie: Capitale de Kiponie)

Chapitre 1
Premier pas dans la cité


Nous retrouvons Fox quelques années après son naufrage, qui eut lieu en Eolia 158, à Kipie devenue son lieu de résidence ; depuis maintenant quatre kipo-ans....

Fox avait fini par se trouver un bel endroit pour construire sa cabane. Il avait mis la porte vers l'Est afin d'avoir le soleil levant sur la devanture. La fenêtre de la pièce principale était tournée vers le Sud et celle de la chambre se tournait vers l'Ouest.

Après avoir quelques temps travaillé dans les champs des agriculteurs installés depuis longtemps, il économisa suffisamment pour s'acheter une parcelle. Il allait avoir son propre champ. Le choix était délicat. Il avait le choix se trouvant à Kipie d'y cultiver le chanvre, le blé et les pommes . Il avait observé durant plusieurs saisons dans quelle direction soufflait le vent, et comment étaient irrigués les sols. Il connaissait l'importance du climat sur les cultures. Il le savait, mais ne comprenait pas d'où venaient ces connaissances. Quoiqu'il en soit il arrêta son choix sur un champ non loin de son habitation afin d'avoir l'œil sur ses cultures.

Chaque soir, sa journée se terminait à la taverne. Il avait pris l'habitude d'y saluer Orianna. Il était d'ailleurs très affecté par le départ de celle-ci. La plupart des colons parlaient de "départ", mais certains parlaient de "suicide", et d'autres même affirmaient qu'elle reviendrait. Ne comprenant pas grand chose à tout cela, il préférait, à tout prendre, la croire en bonne santé dans une contrée lointaine. La joie de voir son sourire s'étant envolée avec elle, il s'y faisait plus rare.

Pour essayer de rompre sa solitude, il décida d'être un peu plus présent dans certains « groupes ». Il rencontra de nombreuses personnes aux caractères et à la nature diverses. Il s'était habitué à parler avec de nombreux animaux et même avec une statue. Cette statue lui parla de l'importance d'être "citoyen". Il voulait l'enrôler dans son parti politique. Mais de politique, Fox n'y entendait rien.

Il avait entendu parler des diverses manifestations à Lazul et à Islandsis contre les autocrates. Il avait lu la presse et avait pu se faire une idée et s'il devait choisir ; ses valeurs seraient démocrates.

Plusieurs articles avaient attirés son attention. Tout d'abord, et cela remontait à quelques temps, les articles de Dame Bibitricotin et dernièrement celui de Dame Faresc qui avait l'air de craindre la disparition du « citoyen ». Il se rappela qu'à son arrivée Kipie était gouvernée par l'autocrate Ice83. Mais il n'y avait pas eu tout le vacarme qu'il y a pour Lazul et Islandsis.

Pendant la grande révolte de Lazul, il avait pris l'habitude de regarder les colons qui partaient manifester pour faire tomber l'autocrate Sangoku. Il espérait y voir passer un visage connu. Il n'avait pas encore osé prendre un cheval pour rendre visite à Cosmo de Pyrrit.

Il se présenta donc devant le château de la cité pour frapper à la porte de l'Agora. Comme personne n'entendit, il déposa sur le panneau prévu à cet effet un message : "moi, Fox, résident de Kipie désire devenir citoyen". Sa demande étant faite, et fier de l'avoir déposée, il jeta un coup d'œil sur le magazine "Alternative". Les lecteurs pouvaient répondre à une question "La citoyenneté: pour vous quel est son rôle ?" .

Il se prit à y réfléchir. Il espérait pouvoir un jour pouvoir annoncer :"je me nomme Fox, citoyen de Kipie!".

Mais pour l'heure il fallait qu'il pense à passer son diplôme de marin car pour pouvoir voyager avec un lougre c'était nécessaire. Il se rendit à l'embarcadère et loua une barque. Il aimait se retrouver au milieu de la mer, sous le soleil. Il avait l'impression que sur l'eau la mémoire lui revenait. Si il s'assoupissait, il voyait des visages et particulièrement le visage d'une jeune femme et d'un bébé. Les avait-il connus ?


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Gaïllâa an 163





Chapitre 2
Le départ


Fox avait obtenu la citoyenneté par l'agora de Kipie. Il avait hâte que les élections commencent pour qu'il puisse, pour la toute première fois de sa vie, se rendre au bureau de vote.

Depuis quelques temps, il ne dormait pas très bien. Ses rêves étaient très agités. Les visions, qu'il avait en mer, habitaient désormais ses rêves. Dans l'un d'eux, la jeune femme lui avait parlé, mais n'avait pas utilisé son nom. Elle reprenait sans cesse la même question : « Charles ! Pourquoi nous as-tu abandonnés ? ». Le bébé qu'elle avait dans les bras pleurait. Il n'aurait su dire si l'enfant était une fille ou un garçon.

Il avait donc fini par penser que l'amnésie, dont souffraient tous les Kiponais, n'était pas totale pour lui et que ces images venaient du passé. Elles étaient ancrées dans sa mémoire ; souvenirs d'un autre monde.

Lorsqu'il avait abordé la question avec quelques membres des groupes qu'il côtoyait, tout le monde le mettait en garde : « Attention à toi Fox, le suicide te guette ! ». Il n'y eut qu'une seule personne, enfin pas vraiment une personne, qui prêta une oreille attentive à ses récits : l'hérissonne Laufa. Elle lui conseilla d'aller à l'Hôpital Central de Kiponie afin d'y rencontrer Dame Faresc qui pouvait probablement l'aider.

Lorsqu'il frappa à la porte de l'Hôpital, comme à chaque fois dans un nouveau groupe, il fut très bien accueilli. De jeunes infirmières s'inquiétèrent tout de suite de sa santé.

« Tu as une baisse de forme Fox ?
- Non, non, merci. Je cherche Dame Faresc.
- Dame Faresc ? Elle ne devrait pas tarder, elle passe toujours par ici. Installe-toi confortablement en attendant.
- Merci beaucoup ! Je vais l'attendre. ».

Il ne dut pas attendre longtemps. Dame Faresc arriva, l'air pressé. Elle était assez petite et portait une fleur dans les cheveux. Elle arborait un large sourire.

« Que puis-je pour toi ? Oh ! Je manque à mes devoirs je me nomme Faresc, ajouta-t-elle confuse.
- Je me présente, Fox citoyen de Kipie. Je suis un jeune naufragé et j'ai depuis quelques temps un petit souci.
- Baisse de santé, coup de froid ? Je t'écoute.
- Non, de ce côté là tout va bien. Je me nourris correctement chaque mois et n'hésite pas à manger du lichen afin de préserver ma santé.
- Alors de quoi s'agit-il ?
- Je fais des rêves qui viennent de mon passé je crois.
- De ton passé ? Hum ! Intéressant. Amnésie partielle donc. C'est assez rare. Sauf pour les gens proches du suicide pensa-t-elle sans mot dire.
Avec curiosité Faresc demanda:
"Quel est ce rêve ?
- Je suis en train de nager vers le rivage. Au loin je vois une silhouette aux formes grossières. Au plus je m'approche, et entre chaque respiration, la silhouette se dessine et je peux dire tout d'abord que c'est une femme puis une femme qui porte dans les bras un bébé... Je me retrouve dans une chaumière sans comprendre comment je suis arrivé là. La femme a un regard désespéré... Ensuite je suis sur le chemin et cette femme hurle après moi "Charles ! Pourquoi nous as-tu abandonnés ?" ...Et je cours, je cours sur cette route.... Je me retrouve dans une mer déchaînée accroché à un coffre. Une vague plus forte m'emporte vers le fond et là .... Je me réveille en sursaut et bien souvent en nage.
Un frisson parcourut tout le corps de Faresc.
- Tu veux dire un cauchemar.....Revivrais-tu une partie de ton naufrage ? "

Il y eut un silence. Fox regardait Dame Faresc perdue dans ses pensées. Il toussota. « Le jour de mon arrivée deux autres naufragés se sont échoués. Il lui raconta son histoire. Pensez-vous qu'ils puissent être dans le même cas que moi ?
Faresc sursauta.
- Je ne pense pas. Si tu veux en avoir le cœur net et bien rend-leur visite ! Tu peux aller partout à cheval sauf sur Islandsis, il te faudra avoir le diplôme de marin pour faire la traversée en lougre. De toute façon la pêche est un bon moyen de gagner des kipons !"

Fox était surpris que Dame Faresc n'était pas plus étonnée que cela par son histoire.

Il quitta l'Hôpital. Faresc lui ayant promis de se renseigner sur son état et de consulter les archives.

N'y tenant plus, il prépara son départ. Les élections auraient lieu durant son voyage, mais il avait appris qu'il pouvait voter même s'il se trouvait dans une autre cité. De ce côté-là, il pouvait donc faire son devoir de citoyen sans problème.

Après une discussion à la taverne, il apprit que le voyage à pied était très déconseillé. D'une part, on n'était pas à l'abri du brigandage et d'autre part, il était impossible de travailler durant un mois complet. Il avait donc opté, comme tout bon Kiponais raisonnable, pour le voyage à cheval. Bien que pas très résistant le cheval Kiponais rendait quelques services. On pouvait lui mettre une charge de cinquante sacs au moins. Par contre il mourait arrivé à destination. L'aller était possible mais pas le retour. Il ne fallait donc pas trop s'attacher à ses montures, affectivement parlant.

Sur le marché les chevaux étaient ni attachés, ni entravés, car le trait de caractère principal de ces animaux était la docilité. Pour la plupart ils buvaient l'eau de la mangeoire et regardaient les passants d'un regard doux. Parfois l'un d'eux relevait la tête lorsqu'un Kiponais intéressé se renseignait sur leur prix.

Pour Fox, il fut très difficile de faire un choix, car tout le troupeau avait levé la tête vers lui et tentait de le séduire en quelque sorte. En y regardant bien il y avait une exception. Au fond de l'enclos un cheval plus sombre de robe et légèrement plus petit restait à l'écart. Son regard semblait plus vif. Fox se dirigea vers lui et aussitôt, l'animal leva et baissa la tête comme pour dire « oui ». Fox paya le prix demandé et emmena donc sa monture vers sa cabane.

Le petit cheval à l'air mutin, marchait d'un bon pas vers la demeure de son nouveau maître. Fox fut très surpris de voir celui-ci se diriger, sans signe de sa part, vers la porte de la grange. Il avait compris que cette demeure, parmi toutes les demeures de la rue, était la sienne. Fox haussa les épaules en pensant : « Encore un mystère de Kiponie ! ».

Fox prépara les vivres qu'il allait emporter, un outil, emmena son filet qui pouvait encore servir deux fois, quelques tuniques et essaya de trouver le sommeil. Il lista ce qu'il avait mis en place. Les sacs de fumier sur son champ, la pompe à bras ; tout était prêt pour lancer un emploi via l'ATPE au moment des semailles. Il espérait rentrer pour faire la récolte.

Le sommeil ne venant pas, il tourna dans sa demeure en attendant l'aube pour se mettre en route. Il observa le petit cheval à la lueur de la lune et ne put s'empêcher d'imaginer la mort de celui-ci à son arrivée à Pyrrit. On lui avait souvent raconté : «C'est simple quand tu arrives à destination, il faut vite descendre de ton cheval, sinon il s'affaisse et hop tu tombes ! En général, cela se produit à la douane ».

Il était un peu anxieux . Enfin, ce fut l'heure du départ. Il ferma soigneusement sa cabane et monta sur le petit cheval qui avait l'air heureux de se mettre en chemin. Le voyage alla très vite et il se présenta à la douane.

Il avait pris soin de mettre pied à terre au plus vite et regarda le petit cheval qui le regarda en retour, toujours avec son petit air mutin.

Le douanier lui cria : « Laisse-le ! Parfois ce n'est pas instantané ! Tu as quoi dans ta sacoche ? ». A regret Fox entra dans la cabane du douanier. Les formalités terminées, il ressortit. Le petit cheval était toujours là, à l'attendre. N'y comprenant rien, il le prit par la bride et marcha à ses côtés pour entrer dans la cité. Il le laissa devant la taverne où il entra.

« Bonjour ! Quelqu'un connaît-il Cosmo ?
- Tu es un de ses amis ? Demanda un colon. Si c'est le cas passe ton chemin !
- Pas exactement dit Fox. Je le cherche, car je dois lui demander quelque chose.
Tous les colons présents dans la taverne se mirent à rire.
- Alors mon gars ... Bonne chance ! On ne « demande » rien à cette fripouille. »

Fox n'ajouta rien, car il avait compris que Cosmo n'était pas apprécié. Il sortit et vit le petit cheval se diriger vers lui.
« Tu es encore là ! lui dit-il, en lui caressant le museau.
A sa grande stupeur le petit cheval lui répondit : « Je t'attendais ! »


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