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Version (ID) : 4244
Date : Gaïllâa an 174 AUC
Titre : Les origines de la brouette d'après Pipistrelle
Contenu :
En l'an 80, un de nos illustres kiponais, Pipistrelle, a rédigé un essai sur les origines de la brouette. Edité dans la presse, son article a été récompensé par le Prix Media 80. Nous vous le livrons ici, pour les amateurs d'un de nos plus beaux sports locaux qui souhaitent parfaire leurs connaissances en la matière.
"Faisant autorité dans le domaine de la brouette et fort d’une documentation scientifique rassemblée dans les bibliothèques de nos cités, j’ai entrepris une étude sur les origines de cette machine qui symbolise aujourd’hui la vitalité et la joie de vivre du peuple de Kiponie.
En fait, la brouette est une pure invention Kiponienne. Son origine remonte au lointain passé des premiers colons qui, à peine débarqués sur notre île, cherchèrent un outil pratique pour faciliter le transport des matériaux divers. La ville de Kipie n’était à cette époque qu’une fangeuse bourgade dans laquelle chacun s’efforçait tant bien que mal d’édifier les premiers bâtiments qui feront beaucoup plus tard la gloire de la capitale du Territoire.
Un certain Fred (que l’on appellera plus tard Fred Premier… puis plus simplement Fred01), imagina le principe élémentaire de la brouette : une plateforme pour entreposer les matériaux à transporter et une paire de brancards pour faciliter la prise en main de l’engin. Le lecteur sagace aura déjà compris qu’un élément essentiel manquait à l’ensemble pour assurer sa fonctionnalité : une roue !
Effectivement la première brouette ne possédait pas de roue. Elle reposait sur trois pieds de bois et n’était pas poussée comme la brouette d’aujourd’hui mais simplement tirée derrière le conducteur. Un exemplaire unique, retrouvé lors des fondations de la maison communale de Kipie, atteste de son aspect rudimentaire. Ce vestige de l’outillage est conservé au musée de la capitale.
On s’aperçut rapidement que cette brouette présentait un défaut majeur : elle creusait un sillon plus ou moins profond derrière elle. Les rues et les trottoirs de Kipie ressemblèrent bientôt à des champs de labour. C’est cela sans doute qui donna à un Kiponais célèbre, Fred 03 (petit fils du précédent), l’idée d’utiliser cette première brouette pour labourer son champ de chanvre. Il débaptisa son outil et lui donna un nouveau nom : « charrue » (qui est donc aussi une invention dont notre pays revendique à juste titre la paternité).
Quelques temps plus tard, Fred 06 (arrière petit fils de Fred 03) reprit à zéro la conception de la brouette et il fut le premier à l’affubler d’une roue… carrée ! Dites-vous bien qu’avec les moyens rudimentaires dont disposaient nos ancêtres, il était difficile avec un marteau et une scie de découper des cercles. C’est pourquoi les premières roues kiponiennes étaient carrées. Vous aurez bien sûr compris tout l’avantage que l’on pouvait tirer d’une roue carrée : non seulement la roue carrée ne s’emballe pas dans les descentes, mais elle permet de s’arrêter dans les montées pour se reposer (pousser une brouette à roue carrée n’est pas une sinécure !) sans craindre de voir la brouette entamer une marche arrière inconsidérée.
Mais quelqu’un de plus imaginatif encore, décida de remettre en question l’invention de Fred06 : son arrière arrière arrière arrière arrière petit fils. C’est effectivement Fred le Douzième qui conçut le premier (quelle audace !) une roue ronde. Au début les gens se gaussèrent de lui et de sa brouette farfelue. Mais lors d’une course de brouettes (la course de brouettes est une tradition qui remonte très loin dans notre passé), Fred12 remporta une victoire étonnante sur le brouettodrome de Kipie. Il réussit la performance lors d’une course d’UN tour… de doubler tous ses adversaires. Encore aujourd’hui son exploit reste inexpliqué.
Bientôt, tous les Kiponais et Kiponaises adoptèrent la brouette à roue ronde et un certain Fred14 (vous aurez compris qu’il s’agit du petit fils de Fred12), eut même l’idée d’adapter la roue ronde à la charrette (à cette époque les chevaux tractaient des charrettes aux roues carrées et il fallait crever QUATRE chevaux pour rallier Kipie à Pyrrit). Vous n’aurez aucune peine à concevoir l’énorme progrès que l’on fit dans la consommation chevaline.
Aujourd’hui on utilise la brouette pour faire ses courses, pour aller au temple, pour promener bébé ou grand-mère. Ceci semble tout naturel à chacun. On a oublié que le confort moderne dont nous bénéficions dans nos tâches quotidiennes est le fruit de réflexions, de recherches, de trouvailles qui sont le fait des grands inventeurs. On n’imagine pas tout ce qu’il a fallu de sagacité à nos ancêtres pour mettre au point la brouette, cette fantastique compagne du citoyen de Kiponie. "
Par Pipistrelle