Gaïllâa an 567 AUC (convertir une date)

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Version (ID) : 1667
Date : Pluvea an 106 AUC
Titre : L'expérience ultime

Contenu :

(Auteur : LaCervoise)


son sommeil était agité cette nuit là. Son esprit tourmenté gardait son corps en éveil, dopé par un flot de pensées malveillantes. A la lumière de la nuit, les objets de la cabane dessinaient des ombres informes. La chaleur nerveuse semblait faire transpirer le refuge tout entier. Il se leva, marcha pieds nus jusqu’à la petite table de bois, se servit un verre de cervoise. Il en avait besoin, mais ne l’apprécia pas…

Après un moment, il sortit, fit quelques pas. Il tremblait nerveusement. Certainement pas de froid vu la tiédeur de la nuit, mais d’anxiété. Puis il hocha la tête et retourna à l'intérieur. Il s’assit un moment sur sa paillasse, la tête dans les mains, et ne bougea plus. Son corps paraissait pourtant si tranquille…

Puis il se releva, prit une grande inspiration. Il s’approcha de sa table de chevet et sortit du tiroir son journal. Il rassembla tout ce qu’il put qui puisse servir de couverture protectrice, et fit au mieux pour empaqueter le précieux recueil. Après quoi il attacha solidement le tout à sa ceinture avec une corde fine. Il testa plusieurs fois la résistance de son attelage, puis sortit.

A l’heure qu’il était, la nuit s’était vêtue de son drap le plus sombre. LaCervoise s’écorchait les pieds sur les cailloux coupants qui jonchaient le chemin que l’on devinait à peine. Mais il connaissait cette route pour l’avoir souvent empruntée au retour des tavernes. La vie humaine était éteinte, mais pas la vie sauvage qui se manifestait au passage de l’étranger, comme pour le questionner. Quelle pensée guidait ses pas dans cette obscurité si peu rassurante ?

l arriva sur le sable qui apporta un peu de douceur à la plante de ses pieds. Elle était là, la plage de son naufrage ! Il fit un tour lentement sur lui-même pour regarder dans toutes les directions la Kiponie qui dormait profondément. Avant de s’approcher des vagues, il lança un regard vers le ciel…

La fraîcheur de l’eau le fit tressaillir. Le sel piquait ses écorchures, mais le froid inhibait ses sensations. Il avança lentement, faisant rentrer peu à peu son corps dans la grande étendue plus sombre encore que ne l’était le ciel. Des larmes coulaient sur ses joues. Alors il se jeta, tête la première, et commença à nager…

La tunique rendait la progression difficile. L’eau était de plus en plus froide à mesure qu’il s’écartait du rivage. Cette sensation glacée de l’eau qui court sur la peau accélérait les battements de son cœur, mais bien plus encore : la peur. Il se retourna une première fois après avoir nagé quelques bonnes minutes. Le rivage n’était pourtant pas si loin, mais on ne le distinguait déjà presque plus. Seul le bruit des vagues, l’eau froide et l’obscurité. Il pouvait encore revenir, mais non...

Il nagea, nagea, et nagea encore… La fatigue le gagnait, l’angoisse aussi. Le froid, il ne le sentait plus, mais son corps tremblait. A ce stade, ce n’était plus du courage, mais de la folie. Seul son esprit le guidait… alors il continua à nager. Il perpétuait des mouvements machinaux, mais avançait –il encore ? Il arrivait à ses limites. Si loin des côtes, la mer ne faisait de cadeau à personne. Il luttait désormais. Il luttait pour rester en vie, pour reprendre sa respiration après les multiples gorgées d’eau salée qu’il avalait. A cet instant, oui, il n’était qu’un homme ; oui, il aurait souhaité toucher la terre ferme.Dans ces yeux, l'on pouvait lire la détresse et le désespoir. Il jeta de nouveau un dernier regard vers le ciel.
L’éclat si net et distinct des étoiles se brouilla. La surface de l’eau les faisaient danser. Il voulait trouver la force de remonter, mais ses muscles étaient tétanisés par le froid et la fatigue.Alors il s’abandonna et se laissa descendre dans le silence et l’obscurité… Il pensait à Kate, à ses amis, à ses compagnons. Comprendraient-ils ? C’étaient pour eux qu’il repoussait ses limites… Et même si cela aura été en vain, il ne regrettera jamais d’avoir essayé.
Son corps sombra, son esprit s’envola…


Note: En aucun cas l'auteur ne fait l'apologie du suicide. Ce récit reste une histoire.