Viltis Delčia

[Viltis]

Uguuu... J'ai de l'eau dans les oreilles...

La fille se redressa doucement, les souvenirs encore flous. Des dernières heures il ne lui restait que des impressions. J'ai eu peur, j'ai eu mal. Maintenant qu'on en parle, j'ai toujours mal. Elle s'assit non sans mal en tailleur et contempla la mer, mettant peu à peu de l'ordre dans ses pensées tout en essorant ses cheveux blonds.
Viltis Delčia. Il y a quelques heures encore elle naviguait sur un voilier qui faisait la navette entre deux royaumes dont le sien, Litva. Elle passait la plupart de son temps sur ce bateau, dont l'équipage était sa seule famille. La vie s'écoulait paisiblement et Viltis n'en demandait pas plus.

Alors pourquoi suis-je ici maintenant ?

Personne n'avait rien vu venir, peu avant la tempête pas un nuage n'était visible. On s'apprêtait à envoyer toute la voile quand le ciel s'était soudain assombri. Viltis ne se souvenait pas du reste et ne voulait pas penser au pire. Elle avait dû passer par dessus bord pendant la tempête et les autres allaient bien.

Oui, les autres vont bien. Et je vais bien aussi: je suis seule sur une plage, courbaturée, égratignée, mouillée, de l'eau salée dans les oreilles, les vêtements déchirée... Uguu, je vais pas bien du tout !

La jeune fille allait paniquer lorsqu'elle aperçu un papillon. Son peu d'ouverture sur le monde l'avait rendue naïve, et elle avait souvent des réactions d'enfant. Celles ci se caractérisaient surtout par son expression favorite "Ugu" ( mot à l'intonation changeante qu'elle utilisait dès qu'elle ne savait pas quoi dire.) Ainsi la simple vue de cet animal lui fit oublier ses problèmes et elle se mit à lui courir après.
Le papillon lui fit escalader la pente de la plage. Arrivée en haut, Viltis sentit son cœur faire un bond. Là, à moins de trois kilomètres, il y avait une cité. Sans hésiter, elle prit le chemin qui s'offrait à elle.
Viltis. Elle avait beau se nommer "Espoir", celui ci se lisait trop peu souvent dans ses yeux. A ce moment il apparaissait éclatant dans son regard gris. Une cité était synonyme de vie. Elle atteignit les premiers bâtiments alors que la nuit tombait. Une fine pluie l'accompagnait.

Je n'arriverais donc jamais à sécher ? Ugu...

La jeune fille fut ici confrontée à un autre problème: sa vie sur un bateau l'avait rendue réservée et timide envers les humains qu'elle ne connaissait pas. Tous les gens qu'elle croisait lui faisaient peur. Elle marchait maintenant lentement, suivant les murs, sursautant au moindre bruit. C'est arrivée sur une place qu'elle se rendit compte qu'elle avait faim. La plupart des gens qu'elle voyait se dirigeait vers une grosse porte en bois surmontée d'une enseigne "taverne". Mais Viltis n'osa pas entrer. Elle se laissa glisser contre un mur, entoura ses jambes de ses bras et observa le trafic en laissant couler des larmes de petite fille le long de ses joues.

[Aracano]

Alors qu'Arac' allait se restaurer après une dure matinée au Château des Gardes. Il vit une jeune fille d'Eolis pleurer en regardant la taverne. Il se dit que son diner devra sûrement attendre. Il remit une mèche quelque peu rebelle qui lui couvrait l'oeil droit depuis ca matin et se dirigea vers la jeune fille.

Et bien mademoiselle, qu'est-ce qui peut bien provoquer une telle crise de larmes?, dit-il en s'agenouillant à devant elle.

Elle est complétement trempée, se dit-il.

[Viltis]

Viltis sursauta. Par réflexe elle chercha à reculer et heurta le mur sur lequel elle était appuyée. Ayeuuu... Tout en se frottant la tête, elle leva les yeux vers son interlocuteur. Il m'a parlé. Qu'est ce qu'il a dit déjà ?.. Inutile d'essayer de m'en souvenir, il est impossible que l'on parle le même langage... Pourtant il lui semblait avoir compris, en fait elle en était même sûre puisque c'est surtout cela qui lui avait fait peur. Elle ne s'attendait en rien à trouver quelqu'un ici qui utilisait la même langue qu'elle.
Tremblante de froid et de peur, elle ouvrit la bouche prête à parler, mais son ventre fut plus rapide qu'elle et se mit à gargouiller si fort que la jeune fille en rougit jusqu'aux oreilles et ne put que baisser la tête, accompagnant son geste d'un timide "Ugu..."

[Aracano]

Arac' ria devant la mine gêné de la jeune fille devant lui.

Je vais me présenter, je suis Aracano Pelendul, Commandant des Gardes de Lapiaz. Mais je vois que tu as faim, viens donc te restaurer jeune fille., dit-il en lui tendant la main pour l'aider à se relever.

[Viltis]

Le rire d'Aracano rassura Viltis. Il n'avait pas l'air méchant et elle était de toute façon trop naïve pour s'en méfier. Elle inclina poliment la tête et accompagna son geste d'une timide présentation:

Viltis Delčia, récemment échouée. Enchantée..

La jeune fille se sentie soudain toute petite face à cet inconnu, à cette cité, à ce royaume. Elle saisit néanmoins la main qu'on lui tendait et se releva.

[Aracano]

Arac' la guida ensuite dans l'auberge en s'efforçant de ne pas la laisser ressortir et l'assit.

Te voici en kiponie, une semi-république. Il ne faut pas avoir peur, ici, les gens sont tous sympthiques et accueillants. Tu t'y plairas.

Le serveur leur apporta leur plat.

Mais bon, gare à certaines gredins évidemment. Si tu as des questions, je veux bien y répondre et apporter mon aide du mieux que je pourrai.

[Viltis]

La première question qui traversa l'esprit de Viltis fut "Comment je rentre chez moi ?". Elle se retint, la trouvant déplacée et irrespectueuse des attentions qu'Aracano lui portaient. De plus elle n'avait pas vraiment de "chez elle", et si effectivement elle pouvait se plaire ici alors pourquoi ne pas tenter sa chance ?
La jeune fille baissa les yeux sur les plats qu'on leur avait apportés. Elle n'en connaissait aucun, mais ça sentait rudement bon ! Elle plaqua sa main sur son ventre pour l'empêcher de refaire du bruit et regarda autour d'elle. Tout était nouveau, et des tas de questions commençaient à se bousculer dans son esprit. Elle reporta son attention sur sa nouvelle connaissance:

Merci, je ne sais pas ce que j'aurais fait sans vous..

Instant de réflexion. Kiponie ne disait absolument rien à Viltis.

J'ai dû atterrir bien plus loin que ce que je pensais.. murmura-t-elle.

[Aracano]

Première chose, tu peux me tutoyer et m'appeler Arac', ce sera bien plus simple.

Puis il chercha une façon de lui expliquer où elle avait atterri et ce qu'elle devait faire avant toute chose. Arac' sourit en voyant la jeune fille tenté de calmer les ardeurs de son estomac. Il n'avait jamais vu quelqu'un avoir aussi faim.

Tu te situe sur un continent qui est caché des autres par une sorte de brume ou d'orage qui empêche quiconque de repartir d'ici. C'est une nouvelle vie, un nouveau départ...

Mais je ne connais toujours pas ton nom, comment te nommes-tu?

Arac' espérait ne pas trop impressionner l'inconnue. Il n'avait pas enlevé son armure en partant du château et son "coup de vieux" lui donnait un air assez autoritaire...bien qu'il soit devenu une sorte de sosie de son édile...

[Viltis]

Un nouveau départ... répéta Viltis dans un murmure. Ainsi il lui était impossible de faire marche arrière. Soit. Elle irait de l'avant. Bien qu'il l'intimida, elle soutint le regard d'Aracano:

Mon nom est Viltis... elle hésita. Son nom de famille ne lui paraissait plus d'une grande importance ici. Elle le rajouta par politesse: Delčia. Viltis comme l'espoir, Delčia en référence à la lune décroissante.

Tutoyer un homme aussi imposant allait poser problème à la jeune fille. Elle savait que certaines de ses habitudes ainsi que la frange recouvrant son front lui donnait parfois l'air d'une enfant bien qu'elle ait dépassé cette époque depuis plusieurs années. Une enfant tutoyant un commandant. L'idée la fit sourire. Elle s'y efforça cependant:

Vous... ugu.. Tu as dit que je me plairais ici. Il est donc possible de recommencer ma vie même en étant étrangère et sans rien connaitre du continent ?

[Aracano]

C'est même ce qu'il y a de mieux ici au début. Certes on passe de tout à rien, du paradis à l'enfer mais çe ne dure qu'un temps. Tu verras, ici, on est tous des amis...enfin sauf pour ceux qui t'exaspéreront, dit-il en riant.

Arac' but une gorgée de sa cervoise avant de continuer.

Le plus important est de ne pas se laisser abattre et de se relever. Si tu as des questions, tout le monde acceptera de te répondre. Si tu as un problème, les gens feront tout pour t'aider. Ici on vit comme dans une famille. N'hésite pas à nouer des liens avec les autres habitants, tu ne seras pas déçu, je te le garantis.

[Viltis]

Viltis écoutait attentivement. Elle se détendait au fur et à mesure qu'Aracano parlait. Elle regarda autour d'elle une nouvelle fois; les autres personnes présentes lui faisaient moins peur désormais.
Un sentiment nouveau s'installa en elle, une sorte d'excitation. Elle avait hâte de découvrir ce que ce monde pouvait lui apporter. Un jour plus tôt la seule idée de vivre sur terre lui donnait la nausée, dorénavant elle n'attendait plus que ça.
La jeune fille trépignait presque sur sa chaise:

Je dois commencer par quoi ?

[Aracano]

Arac' sourit du résultat que des mots justes pouvaient avoir sur les gens pour les rassurer.

Tout d'abord construire ta cabane puis regarder aux groupes d'aide qui peuvent t'aider. Si tu as besoin d'aide pour ta cabane, je veux bien te faire visiter le marché et assembler les planches.

Mais lorsque l'on prend son temps, on obtient un meilleur résultat.

[Viltis]

Aider le maître charpentier du voilier sur lequel elle vivait était une des tâches favorites de Viltis. Le bois et les clous n'avaient aucun secret pour elle.

Construire une cabane ne devrait pas me poser problème ; un Commandant a sûrement des occupations plus importantes. Je vais me renseigner pour les groupes d'aide. Tout le monde parle la même langue ici ? Étonnant, le continent n'a pourtant pas l'air petit...
Y a-t-il des endroits que v... tu me conseillerais ? Pour rencontrer du monde, trouver du travail ou d'autres choses comme ça ?

[Aracano]

Arac' décida de laisser faire Viltis pour sa demeureet repris pour répondre à sa question.

Pour les emplois, lorsque tu es jeune, ne vas pas à l'université, mais à l'ATPE. Pour rencontrer du monde, va à la Taverne.

Pour le reste, va à l'auberge au lieu d'acheter ta nourriture sur le marché.

[Viltis]

Merci Arac', sincèrement. Viltis accompagna ses paroles d'un grand sourire.

La jeune fille rayonnait désormais. Les larmes de tout à l'heure étaient oubliées, et elle ne put s'empêcher de lâcher un "ugu" de bonheur. Tout avait l'air si intéressant ici ! Une heure plus tôt elle aurait tout donné pour courir hors de l'auberge. A présent si elle voulait courir dehors, c'était pour découvrir cet univers avec un autre regard que celui de la fille perdue.