Cornelius Lofti Koryphon "CLK"
Publié : lun. 16 nov. 2009 19:02
Le sol dur sous la tête de Cornelius semblait bouger, comme au rythme d’un tango indolent. Un incessant va et vient qui le ballotait mollement. Un bruit de ressac épuisant emplissait ses oreilles. Non, le sol ne bougeait pas. C’était son corps qui dansait comme un bout de chiffon abandonné aux vagues. Le flux de l’océan lui faisait épouser la plage, puis le tirait en arrière pour mieux l’expédier, une fois de plus, sur sable humide, réveillant ses vieilles douleurs…
La plage… le sable…
Bonté Scientifique, c’est donc fini !
Cornelius cracha le sable qui emplissait sa bouche, provoquant le courroux d’une mouette qui s’envola en proférant des cris scandalisés. C’était bien vrai : c’était fini. Fini cette étendue d’eau à perte de vue. Fini cette humidité éprouvante, ce sel qui lui mangeait la peau et les yeux. Sa longue dérive, accroché à un vieux bout de bois aux trois-quarts pourris avait pris fin.
Il se releva précautionneusement. Le moindre geste était un supplice. Son long séjour dans l’eau salé ne l’avait pas arrangé. Les contusions avaient eu le temps de s’atténuer pendant son bain forcé. Mais les plaies soignées à l’eau salée étaient là pour lui rappeler que les simples d’esprit qui l’avaient jeté par-dessus bord avaient pris leur pied en le rossant copieusement au préalable.
Débiles suppôt de l’obscurantisme !
Ils avaient osé le traiter de « Minable mythomane dégénéré » ! Ils l’avaient accusé de pervertir les âmes.
Rhââââ les sots. Les incultes. Les aveugles… Pourtant, c’est évident : la terre est plate et posée en équilibre instable sur un volcan conique ! Toutes les études astronomiques le démontrent !
Et c’est ce qu’il allait prouver au terme de ce voyage !
Mais l’Algorithme Eternel en avait décidé autrement. Quelle idée avait-il eu de boire autant ? Il le savait pourtant bien que l’alcool le rendait bavard ! Et comme par hasard, il avait fallu qu’il parle de ses expériences à ces théosophes bornés qui ne juraient que par leur foi aveugle.
Ils ne perdent rien pour attendre. Dès que je serai sorti d’ici, ils entendront parler de Cornelius Lofti Koryphon !
En ruminant de la sorte, Cornelius avait entrepris de quitter la plage en direction d’un groupe de maisons. De masures plutôt… Surement un village de pécheurs abandonné… Mais non, l’endroit semblait habité. Une vieille planche en bois miteuse proclamait, en lettres dont la peinture s’écaillait : « Vous entrez dans la glorieuse citée de Koryndon ».
Hé bien, ils n’ont pas peur du ridicule ici ! Il faut vite que je trouve de l’aide pour quitter cet endroit miteux.
Cornélius avisa une taverne dont il poussa la porte. L’endroit était chaud, sentait mauvais, mais avait l’air propre et accueillant. Pas mal de monde le dévisageait, sans hostilité réelle, mais avec de grands yeux ébahis…
Cornélius pris conscience de son état. Ses guenilles gorgées d’eau dégoulinait en grandes cascades sur le dallage propre de la taverne. Les cheveux en bataille et son vieux bout de planche encore à la main, il offrait sans aucun doute un bien étrange tableau. Il se sentait honteux et à bout de force.
Quelqu’un aurait une serviette à me prêter ?
La plage… le sable…
Bonté Scientifique, c’est donc fini !
Cornelius cracha le sable qui emplissait sa bouche, provoquant le courroux d’une mouette qui s’envola en proférant des cris scandalisés. C’était bien vrai : c’était fini. Fini cette étendue d’eau à perte de vue. Fini cette humidité éprouvante, ce sel qui lui mangeait la peau et les yeux. Sa longue dérive, accroché à un vieux bout de bois aux trois-quarts pourris avait pris fin.
Il se releva précautionneusement. Le moindre geste était un supplice. Son long séjour dans l’eau salé ne l’avait pas arrangé. Les contusions avaient eu le temps de s’atténuer pendant son bain forcé. Mais les plaies soignées à l’eau salée étaient là pour lui rappeler que les simples d’esprit qui l’avaient jeté par-dessus bord avaient pris leur pied en le rossant copieusement au préalable.
Débiles suppôt de l’obscurantisme !
Ils avaient osé le traiter de « Minable mythomane dégénéré » ! Ils l’avaient accusé de pervertir les âmes.
Rhââââ les sots. Les incultes. Les aveugles… Pourtant, c’est évident : la terre est plate et posée en équilibre instable sur un volcan conique ! Toutes les études astronomiques le démontrent !
Et c’est ce qu’il allait prouver au terme de ce voyage !
Mais l’Algorithme Eternel en avait décidé autrement. Quelle idée avait-il eu de boire autant ? Il le savait pourtant bien que l’alcool le rendait bavard ! Et comme par hasard, il avait fallu qu’il parle de ses expériences à ces théosophes bornés qui ne juraient que par leur foi aveugle.
Ils ne perdent rien pour attendre. Dès que je serai sorti d’ici, ils entendront parler de Cornelius Lofti Koryphon !
En ruminant de la sorte, Cornelius avait entrepris de quitter la plage en direction d’un groupe de maisons. De masures plutôt… Surement un village de pécheurs abandonné… Mais non, l’endroit semblait habité. Une vieille planche en bois miteuse proclamait, en lettres dont la peinture s’écaillait : « Vous entrez dans la glorieuse citée de Koryndon ».
Hé bien, ils n’ont pas peur du ridicule ici ! Il faut vite que je trouve de l’aide pour quitter cet endroit miteux.
Cornélius avisa une taverne dont il poussa la porte. L’endroit était chaud, sentait mauvais, mais avait l’air propre et accueillant. Pas mal de monde le dévisageait, sans hostilité réelle, mais avec de grands yeux ébahis…
Cornélius pris conscience de son état. Ses guenilles gorgées d’eau dégoulinait en grandes cascades sur le dallage propre de la taverne. Les cheveux en bataille et son vieux bout de planche encore à la main, il offrait sans aucun doute un bien étrange tableau. Il se sentait honteux et à bout de force.
Quelqu’un aurait une serviette à me prêter ?