Carnet de voyage de Yezurof
Jour Premier.
Un commencement est toujours difficile. Même si il est très probable que personne ne lira jamais ces quelques lignes, il n'est pas évident de démarrer un journal.
Faisons simple. Je me prénomme Cer... Yezurof. A nouvelle vie, nouveau nom. Nouvelle vie dis-je, mais peut-on appeler l'existence sur ce continent de vie? Subsistance entre deux labeurs serait plus juste. Mais j'anticipe, gardons quelques cohérence dans ce carnet, et commençons par raconter ce qui m'a poussé a ma retrouver sur ce continent détestable.
Je suis né il y a une trentaine d'année de cela, dans une bonne famille. Mon premier mot ne fut pas Papa, ni Maman, mais une mot qui aurait pu passer pour un babillage : PINGASIA. Mon premier mot, et le seul que je prononça jusqu'à l'age de 3 ans révolu. Tout au long de mon enfance, ma lenteur d'esprit désespéra mes parents. Rien ne me passionnait, et les connaissances que l'on voulait me faire engranger semblait s'évanouir sitôt apprises.
Les seuls fois ou je passais du temps dans les bibliothèques, ce n'était pas pour faire plaisir a mon percepteur, mais uniquement pour glaner des renseignements sur ce nom qui planait toujours a l'arrière de mon crane. Pingasia, Pingasia, Pingasia.
Mais rien ne semblait combler la curiosité que me tenaillait. Arrivée a l'age de 15 ans, je me mis a boire. A boire de tout. Il ne fallut pas longtemps pour que mes parents me déshéritent, et me jettent hors de chez moi.
Sans abris, sans métier, sans le sous... Et le plus malheureux de tout: toujours sans aucune idée de ce que Pingasia signifiait. Je savais que je ne pourrais trouver la paix de l'esprit avant de le savoir.
C'est au plus profond de l'abime que j'eus mon premier indice. Âpres une journée de plus passé a mendier, affalé comme une loque le long des docks, j'avais enfin réuni assez d'argent que pour boire jusqu'à l'oubli, comme a mon habitude. Apres 5... ou peut-etre était-ce 6 choppes de la plus crasseuse cervoise, je racontais une fois de plus mon histoire a tous les clients présents. Mais cette fois, en plus de l'irritation des clients, mon récit provoqua une réaction étrange chez un marin a l'évocation de Pingasia.
J'en étais tellement heureux que je me souviens avec précision, malgré mon ivresse, des mots qu'il me tint :
"Pingasia? Oui, je connais ce nom. Il existe sur les territoires de Kiponie une légende nommant Pingasia. Ce serait le nom premier d'une grande dame y vivant, cachant son identité de peur que d'affreux secrets ne soient découvert. Elle fricoterait avec le démon, n'hésitant pas a sacrifier sa progéniture!"
Même si ces paroles n'étaient pas très rassurante, la joie m'envahit. Je savais que j'aurais du me sentir angoissé a l'idée d'être lié a une telle personne, mais je ne l'étais pas. J'avais seulement envie de courir partout pour crier mon bonheur.
Voila ce qui me poussa a profiter de la prime coloniale, et a venir m'installer sur ces terres. Je pensais y retrouver facilement cette grande Dame, mais personne ne semble connaitre ici cette légende. Ou alors les gens ont juste trop peur pour en parler... qui sait.
Assez d'écriture pour ce soir, il est temps de retourner gagner de quoi subsister.