Le Territoire de Kiponie

Pluvea an 193. Une belle journée ensoleillée à Lapiaz (Comme à son habitude dans la plus splendide des cités !)

Alewyr, attablé devant une magnifique truite farcie à la pomme à la taverne “Au chat gourmand”, lisait une récente édition de l'Alternative.

C'est alors que, brusquement, il recracha tout ce qu'il avait en bouche. (L'article qui fait gâcher une belle truite farcie !)

Hein ? Mais ... Mais ... C'est impossible !! Les marais salants vont être ... Par des ... Aaaaargh ! C'est nos marais !! Non mais non mais non mais non mais non ... Il vont être détruit ! Aaaargh !! Mmmmmrh ! Lapiaz n'a pas dit son denier mot ! Il est hors de question qu'une bande de ... De ... De ... Je sais pas quoi .... Eeeeet ... Oh pis non ! Non ! Non ! Non ! Nom d'une licorne à trois pattes !! Réagissons nom d'une bouse ! Réagissons !

Et chiffonnant rageusement son journal, Alewyr s'en alla pour l'agora sans même terminer son repas.

****
En passant sur la place du marché, Luzerne jeta un oeil distrait sur un étal de journaux lorsque qu'un gros titre alarmant la sortit de sa rêverie.

Ô misère !!! Ô malheur !!!

Partie comme une flèche, elle se rendit en hâte faire ouvrir un des locaux qui servait à réunir les habitants de Lapiaz lors de réunions citéennes. Elle demanda au locateur d'y faire apporter un gueuleton et à boire, puis se hâta de se rendre aussi à l'agora pour aller aux nouvelles.

Bon alors mon brave, j'installe la pancarte informative à l'entrée, accueille bien les gens.

Je reviens dès que possible avec Alewyr et toutes autres personnes qui voudront bien nous aider à sauver nos marais.

Myladie, se promenant dans la campagne Lapiazote arrive près des marrais. Elle aperçoit un homme, debout, avec un plan. Intéressée, elle s'approche de lui:

-Belle journée pour une promenade, n'est-ce pas? Que faites vous là?
-Eh ben, j'étudie les plans pour des futures moulins.

Eh ben, il s'est échappé de l'asile, celui-là! Quelle idée de construire des moulins ici!

-Pardon, je ne comprends pas...
-Vous n'étiez pas au courant? On va construire des moulins ici!

S'imaginant directement les retombées désastreuses de tout cela, elle s'énerve, pousse le méchant bonhomme dans le marais et s'en va en direction de la cité, voulant vérifier cette histoire.

Dame Nardus sortit de son bureau édilique les moustaches en pagaille.
Que vois-je dans le journal ?? Les marais vont être investis de moulins ?
Nooon ! mais c'est po possiiible !

Elle entra à l'assemblée citéenne et se précipita dans le mouvement vers ses compatriotes lapiazotes, visiblement affolés eux aussi.
Vous avez vu ?? dit-elle en brandissant le journal, Vous avez vu la nouvelle ?!?
Y peuvent po faire ça ?! D'abord... y a des crapouillas dans les marais ! Pis crois-moi que celui qui en croise un s'en souvient. Ils sont gros comme des canassons, les diables, et puent ! mais puent !! Que même le crottin fermenté peut servir de parfum, à côté !!
Mais j'y pense... C'est pas dans les marais qu'on va chercher certaines plantes magiques ?

Leo marqua une courte pause, le sang lui montait aux moustaches. On aurait dit une marmite sous pression qui va éjecter son couvercle jusque dans les étoiles. Elle lâcha d'un trait son envie débordante.
Moi je propose qu'on y aille tous de ce pas, dans les marais.
On va leur expliquer notre façon de voir les choses à ces bougres !

Endormie sur le coussin de son bureau de présidente des Agoras, Salmissra fut réveillée en sursaut par les cris de l'édile féline de la sublime cité aux deux licornes... Elle s'étira et se rendit dans la grande salle de réception.

Mais c'est quoi tout ce bruit? Leo mais calme toi! Hector une médiplante infusée à la cervoise pour calmer l'édile!

Leonardus lui tendit un journal tout fripé, Sal' y lu rapidement l'article...

Nom d'une brouette sans roue, que le grand Crapouilla me morde la patte!! Mais c'est quoi ce chantier....

En fureur elle réintégra son bureau fouillant sous les tonnes de dossiers présents, elle envoya valser un tonnelet de kidre, puis se ravisa et le plaça près de la porte. Puis elle repris ses recherches, elle pris un parchemin roulé serré entouré d'un ruban en laine vert. Elle sourit le plaça dans une poche de sa tunique, pris son manteau le plus chaud et siffla le Coffre...

Loin de là dans le palais de Salmissra....

Le Coffre, comme à son habitude, n'avait pas suivi sa maîtresse vénérée à son travail aux Agoras. Il préférait de loin chasser le wapiti dans les bois environnant le domaine de Malharian. Comme il y prenait un grand plaisir il lui fallait seulement réguler la population sinon il allait lui arriver la même chose qu'avec le rat-cerf de Lapiaz qui avait complètement disparu de la cité et même de la Kiponie.

Alors qu'il se positionnait pour attraper un individu visiblement mal-portant il ressenti un sifflement... (Ah oui pour ceux qui ne connaissent pas le Coffre ses perceptions sont différentes de celles des autres individus/choses du Territoire. Rappelons aussi qu'il est le fruit d'un accident de magie, qu'il est doté d'une vie propre, qu'il a un caractère disons difficile, qu'il n'aime que sa maîtresse, qu'il mange n'importe quoi mais préfère ce qui est vivant et qu'il est doté d'un certain don pour servir de porte inter-dimensionnelle.) Il ressenti donc un sifflement et su que Salmissra avait besoin de lui.

Il mit en action ses pieds et parti dare-dare aux Agoras rejoindre sa Créatrice.

Ce matin, Lena se leva de fort bonne humeur. Hélas, ça ne dura pas longtemps, mais ça fallait s'en douter, au vu des nouvelles qu'on lui apportait. Un pauvre pigeon déplumé s'écrasa sur la fenêtre de son château, et elle récupéra l'article de journal qu'il tenait entre ses pattes. Elle manqua de s'étrangler avec son thé matinal, et enfourcha son balai volant - ou presque - pour se rendre aux Agoras.
Elle ouvrit magistralement la grande porte, les cheveux en bataille et la tunique à l'envers.

Qu'est-ce que c'est que ce bazar ?!, demanda-t-elle en brandissant furieusement le journal. Qui veut toucher à mes marais ?

A ce moment là, le Coffre de Salmissra déboula et elle trébucha dessus.

Grrrmfff !

Elle protesta, râlant - comme d'habitude - à qui mieux mieux, et se releva en s'époussetant.

Je suis Leo quand à moi ! Allons voir qui est cette bande de freluquets qui oserait détruire mes marais adorés !

****
Voyant que tous allaient se mobiliser, Luzerne prit les devants.

Elle se trouva un volontaire, vite convaincu en chemin, qu'elle traîna par la manche jusqu'à la salle de conférence.

Rendus sur les lieux elle lui assigna une pancarte et lui fit ainsi ses recommandations :

Oui ! C'est ça, tu vas représenter une majorité silencieuse.

Alors pendant que nous nous rendrons sur les lieux et surtout rendu sur place, tu devras t'agiter plus fort et crier plus fort que tous les autres. Mets-y tout ton coeur et toute ta force, il faut qu'on te voit et qu'on t'entende, souviens-toi, une majorité ça fait du bruit !

Voyant Lena chuter sur le Coffre Salmissra étouffa un rire, elle se repris vraiment très vite voyant la marchandise de compagnie montrer les dent. Elle se précipita et lui sauta sur le couvercle.

Tout doux toi... Suis quand même contente de te voir. J'espère qu'il reste quelques wapitis dans le parc du musée, hein! murmura-t-elle.

S'lut Lena. Tout le monde est là? Il reste encore de la place... On part quand au fait?

Alewyr, essoufflé, mi-marchant mi-courant, arriva à son tour au lieu de rassemblement.

A moi !! C'est un ... Oh bah qu'est-ce que vous faite tous là ? Il se passe quelque chose ? ... Bien sûr qu'il se passe quelque chose non mais. Vous avez lu cet article dans le journal ?

On lui expliqua que tout le monde était là justement pour ça.

Ah ? ... Oui ... Euh ... Bah c'est bien ça ...Qu'est ce que ... Oui oui oui ... Bon qu'est ce qu'on fait ? Il est hors de question que nous laissions faire ça ! On touche pas à NOS marais ! Ces petits marais tout mimi, si accueillant. Et ces braves petites bêtes là ... Euh ... Les moustiques, oui, j'avais oublié le mot. Toujours là pour nous câliner et nous faire des petits bisous eux. On ne peut pas détruire un paysage si paradisiaque !

Myladie arrive toute essoufflée et s'arrête

-Ah, ben je vois que vous tous déjà au courant! Il faut faire vite, à ce qu'il parait, ils ont déjà fait des plans (enfin, ils en avaient un exemplaire avant qu'il finisse à l'eau, mais enfin bref...) Il faut vraiment se dépêcher et leur montrer qui commande ici!

Tiens, un coffre qui bouge... c'est possible ça?

Pendant ce temps là, dans les marais...

- Mais tu vas avancer plus vite, nom d'une biquette enragée! C'est pourtant pas bien compliqué de marcher! Si je pouvais encore, çà ferait longtemps que je serais arrivée!

Cela faisait des années que l'on ne l'avait vue, pourtant Elyiam était de retour à Lapiaz. Mais les ans avaient presque achevé de la transformer, et c'était sous les traits d'une vieille femme décharnée qu'on la retrouvait à s'égosiller comme à son accoutumée, presque avachie sur le dos de Kelma, une jeune naufragée entraînée bien malgré elle dans une affaire obscure.

- Oui, je sais, je sais. Depuis le temps que vous le criez dans mes oreilles, je commence à le comprendre hein! Z'êtes marrante! C'est pas vous qui marchez dans trucs bizarres et collants depuis tout à l'heure! Mais si vous n'êtes pas contente, vous n'avez qu'à y aller toute seule!
- Oh la mauvaise fille! Prenant un ton dramatique: Elle abandonnerait une pauvre mamie ici, au milieu de nulle part, sans aucun remords et sans même se soucier de son sort. C'est qu'il y a des bêtes affreuses ici et... Oh! Dépêche-toi! Nous sommes presque arrivées, il y a quelqu'un là-bas!

L'architecte maugréait et essayait tant bien que mal de se débarrasser des herbes et de la boue qui le recouvraient depuis que Mylady l'avait poussé dans les eaux putrides.

- Dites donc, vous puez à en réveiller les morts! Et c'est vous qu'on envoie pour réaliser le nouveau projet de... Je ne sais plus...
- Les moulins...
- Ah bon? Ah... Je croyais que c'était une piscine pour les Wapitis?
Il la regarda perplexe, mais convint qu'il ne valait mieux ne pas trop discuter avec elle. Seuls son influence et son appui étaient nécessaires... De son côté, Elyiam eut un moment d'absence, regardant autour d'elle, puis reprit:
- Quand est-ce que les autres vont arriver?
- Ils ne devraient pas tarder.
- J'espère bien car je ne suis pas patiente! Petite euh...
- Kelma...
- Conduis-nous vaillamment jusqu'à cet arbre squelettique que nous fassions une pause bien méritée après notre expédition!
La pauvre fille soupira et se mit en marche.

S'affairant à distribuer des pancartes, à gauche, à droite, elle vit arriver ses amis.

Vous voilà ! Bienvenue. approchez, venez ici à la table de concertation.

Des moulins à farine près de nos marais attireraient inévitablement des variétés de rongetiers friands de grains, ce qui ferait aussi venir des reptilo-i-des en grand nombre, qui mangeraient ainsi à leur tour une trop grande part de la population de grenailles et crapouilles peuplant les étangs.

Un tel manque dans la banque alimentaire entraînerait une famine pour les espèces locales qui s'en nourissent.

Que diriez-vous de commencer la manisestation à partir d'ici en passant par l'artère principale de la cité, que tous les habitants sachent ce qui se passe. Nous pourrions ainsi nous rendre jusque là-bas et leur faire savoir qu'ils doivent laisser nos marais tranquilles !

Une manif' ? Moui, on part du port jusqu'à là bas. C'est un bonne idée. Et on pourrait chanter notre hymne !

Il s'arrêta un moment semblant tenter de se remémorer :

Toi cité aux deux licornes
Qui, ... Euh ... Notre blason ornent,
Rappelle-toi ces heures heureuses,

... Après il y a "Vive Lapiaz l'indomptable ! Vive Lapiaz la triomphale !" je crois.

Mes chères frères et sœurs na na na,
na na na,
na na na,

Vive Lapiaz l'immortelle !

Voilà ! Un truc comme ca. A peu de chose près bien sûr. Il me semble qu'il manque une phrase entre "Lapiaz la triomphale et mes chères frères" mais pas moyen de m'en souvenir. Et après on se jette dans le tas en poussant des cris.

Assises inconfortablement sur le tronc d'un arbre mort, Elyiam et Kelma attendaient l'arrivée des mystérieux associés. La plus âgée commençait à dodeliner de la tête tandis que la nouvelle naufragée paraissait soucieuse:

- Dites, c'est qui ces hommes qui doivent nous rejoindre dans ce coin paumé? M'enfin réveillez-vous!
- Hein? Quoi? Où suis-je? Ah oui... Ces hommes? Eh bien ce sont de riches marchands que j'ai croisés la semaine dernière sur la route de Gaalen. Je ne les connaissais pas mais ils m'ont semblé fort sympathiques!
- Mais qu'est-ce qu'ils veulent à ces marais? Et c'est quoi cette histoire de moulins?
- De moulins? Mais quels moulins? Il n'a jamais été question de moulins. Non, ces hommes veulent revaloriser nos marais en leur donnant un rôle plus important dans la vie de Lapiaz. C'est pourquoi ils ont accepté mon idée de construire une grande piscine pour les Wapitis. Ben oui les pauvres bêtes, elles pataugent dans cette gadoue alors que je suis sûre qu'elles préfèreraient une eau bien claire!
- Une piscine... Dans un marais... Kelma regarda son interlocutrice d'un air perplexe.
- Mais oui enfin! Et le clou du projet, mais c'est encore top secret: une prison pour les enquiquinantes chèvres de Zonig! Depuis son départ dans l'ether, elles se sont multipliées d'une manière extravagante! C'est une vraie plaie dont je compte bien me débarrasser!
- Non mais vous croyez vraiment à ce que vous dites? Ce sont des marchands! Qu'est-ce que ça peut leur faire vos histoires de Wapitis et de chèvres?! Ils vous ont fait signer quelque chose pour ça?
- Pour qui te prends-tu? J'ai toujours eu des idées génialissimes alors un peu de respect vilaine fille!

Elle croisa les bras et prit son air boudeur le plus renfrogné. Mais après quelques instants de réflexion, elle reprit, songeuse:

- Mais ce que tu dis n'est finalement pas si idiot qu'il n'en paraît. Ces hommes ont peut-être autre chose derrière la tête... Surtout que... Comment dire... Je crois que j'ai légèrement apposé ma signature à une pétition...
- Mais elle disait quoi cette pétition?!
- Ce que je t'ai dit tout à l'heure! Que c'était pour la revalorisation des marais et leur intégration complète dans l'économie lapiazote. Ou quelque chose comme ça. Mais en tout cas, il n'était nulle part fait mention de moulins!
- Eh ben on va bientôt être fixées, ils arrivent...

Un peu plus loin, un groupe de sept ou huit hommes, dont certains armés, approchait laborieusement. A sa tête se trouvait un homme paré de bijoux faits d'or et de pierreries, vêtu d'une longue tunique au tissu raffiné et ourlée d'une remarquable fourrure. Ce spectacle aurait pu porter à rire en le voyant tenir sa belle tenue pour ne pas la souiller, révélant au passage des genoux cagneux, si ce n'était son regard sombre qui affirmait, à qui le croisait, qu'il n'était certainement pas homme à se faire duper en affaires...

Le Territoire de Kiponie

[RP] Au secours des marais salants.

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