Le Territoire de Kiponie

-Bien chers tous, c'est avec plaisir et humilité que je me présente devant cette assemblée ce jour.
Hiram tire sur les pans de sa tunique et tente par de multiples gestes de mains de dissimuler les tâches grossières que porte son habit à hauteur des cuisses.
-Je suis arrivé depuis peu sur ce territoire et ai choisi la cité de Karst pour démarrer ma nouvelle vie.
Tout en continuant de parler, Hiram tire le bouchon d'une grosse bonbonne d'un geste sec. Un "pop" sonore retentit, attirant l'attention de ceux que le discours d'Hiram n'avait pas encore capté. Puis d'un geste fébrile, Hiram propose à chacun de remplir son verre d'une cervoise au goût approximatif.
-J'ai toujours soif. J'ai toujours tendance à penser que tout le monde est comme moi ! N'hésitez pas, buvez, c'est moi qui l'ai brassée. Brasseur, c'est mon nouveau métier. Je crois que je vais aussi aller faire un tour à la pêche prochainement. Si d'aucuns veulent m'accompagner, ils seront les bienvenus. Bon je suis parfois un peu rustre, mais dans ma famille on sait vivre. On aime la bonne chère, le bon vin, la cervoise à bonne température et la joie d'un repas partagé entre amis.

Quelques impatients réclament à boire parmi l'auditoire, d'autres applaudissent, une jeune femme est conquise. Enfin c'est ce que croit Hiram ! Terminant de servir, HIram reprend son discours.
-Je ne vais pas abuser davantage de votre temps. Je vais me taire mais pas avant de vous avoir dit que je serai toujours là pour vous rendre service si besoin. J'ai déjà eu le plaisir de bénéficier de l'aide de certains d'entre vous, il serait bien normal que je rende la pareille. Allez bonne soirée à tout le monde. Et au plaisir.
Hiram retourne s'asseoir à sa table.
-Ah, juste une dernière chose. Si quelqu'un a des planches par trop chères à vendre, je suis preneur !

alibabo avait entendu le discours du nouveau brasseur. Eloquent et sympathique, ma foi.

Comme les autres, il tendit sa chope pour goûter la production de ce jeune industriel. Mmmm pas mauvaise. Si on peut lui rendre service en lui vendant quelques planches, pourquoi pas. Mais d'où était-il ? Il lui fit passer un petit papier...

"J'aurais bien quelques planches, mais elles sont à Eolis. Cela vous intéresserait-il ?
alibabo"

Hiram relit plusieurs fois le papier en jetant un regard circulaire vers la salle. Il semble ennuyé. Il Se lève et se dirige vers l'auteur du message.
-bonjour Alibabo. Je suis vraiment enchanté par votre offre. Malheureusement, je dois dire que le sort ne m'a pas gâté ce mois-ci. En effet, aucune brasserie n'a eu besoin de mes services et je suis donc parti pêcher. C'est pourquoi je n'ai pas encore perçu les revenus de ce dur labeur qu'est la pêche. En conséquence, je me vois dans l'obligation d'attendre un peu pour envisager des travaux de construction... En tout cas, merci beaucoup de votre proposition, peut-être dans les mois prochains reviendrai-je vers vous. En attendant, trinquons à notre connaissance !

alibabo trinqua avec le jeune homme.
"Je vous souhaite la bienvenue sur notre Territoire. Dans quelle cité vous êtes-vous installé ? "

-Je me suis installé à Karst. Il y fait très froid mais la chaleur humaine compense la rigueur du climat. A l'occasion n'hésitez pas à venir me rendre visite. J'ai une modeste cabane que je compte agrandir prochainement. Faute de pouvoir brasser ces derniers mois, je me suis lancé dans la charpenterie. C'est un beau métier qui me sera utile je pense.

Oui, tout à fait, répondit alibabo, j'ai moi-même une charpenterie qui fabrique des coffres bien solides.

Eh bien, j'ai été ravi de vous rencontrer. Mais je dois rejoindre Eolis et la route est longue. A bientôt, à Karst peut-être ou bien chez moi, pourquoi pas. Vous verrez, lorsqu'on a à peu près pris ses marques, l'envie vient souvent de visiter les autres cités du Territoire... Portez-vous bien, ajouta-t-il en souriant.

Pus saluant de loin quelques connaissances, il se dirigea vers la porte et sortit.

Hiram revint un soir vers ceux à qui il s'était présenté quelques mois plus tôt. Il était radieux, peut-être même un peu fier. Il portait un rouleau de papier sous le bras.
-Hé Hiram, content de te revoir !
- Content de revenir ici surtout. Je suis si heureux d'avoir décroché mon premier diplôme !
Il déroula le document : un diplôme de brasseur.
- Je vous invite à boire à la santé de mes différents employeurs. Grâce à eux la Kiponie s'honore d'un nouveau brasseur très motivé. Je vais sans doute aller voir si la cervoise est aussi bonne ailleurs qu'à Karst. Qu'en pensez-vous ?